ECOLES DE MANAGEMENT, PROGRAMMES

« Les entreprises ont besoin de business developers »: Anne Stefanini, directrice de Novancia

Née de la fusion des écoles parisiennes Advancia et Négocia, Novancia est une grande école de commerce atypique qui reçoit aussi bien ses étudiants après le bac, pour les conduire d’abord à un bachelor, qu’en master. Sa directrice, Anne Stefanini, explique comment elle entend aujourd’hui former des « business developers ».

Anne Stefanini (photo Steve Murez)Olivier Rollot : Cette année vous allez sortir la première promotion de votre école sous la dénomination Novancia. On peut le dire : la fusion entre Négocia et Advancia est bien achevée.

Anne Stefanini: L’année universitaire 2013-2014 est effectivement la première où tous nos étudiants sont intégrés dans les seuls programmes de Novancia. La fin d’un cycle avec aujourd’hui la plus grande partie de nos collaborateurs qui se sont installée à Montparnasse, seules nos actions de formation continue  restant dans nos anciens bâtiments de la Porte de Champerret.

O. R : C’est marqué partout, sur votre site, quand on arrive dans le hall de votre école, vous voulez être l’école du « business development ». Qu’est-ce que cela signifie pour vos étudiants ?

A. S : Je leur dis toujours que s’ils viennent chez nous ce n’est pas pour travailler dans le marketing chez L’Oréal ou LVMH, des postes réservés aux diplômés de quelques très grandes écoles, mais qu’ils peuvent faire de très belles carrières. À partir du master nous proposons ainsi une spécialisation dans le «business development». Il s’agit pour nos étudiants  d’apprendre à détecter des opportunités de développement pour une entreprise ou en la créant. À devenir les « têtes chercheuses » de leur entreprise. En quelque sorte, il s’agit du mariage parfait entre la formation commerciale de Négocia et l’entrepreneuriat d’Advancia.

O. R : Votre pédagogie est assez particulière : dès la première année de bachelor elle est fondée sur la réalisation de projets.

A. S : Chaque année en bachelor nos étudiants travaillent sur deux projets différents, l’un dit «académique» l’autre de «vie étudiante». Cela peut être le développement d’affaires comme la création d’un événement dans le domaine des arts et de la culture. En master ils auront également à réaliser un projet de stratégie de développement chaque année.

Ces projets correspondent parfaitement à des étudiants aux profils ouverts, plutôt bons en langues et qui cherchent tout de suite à travailler dans le concret et à se professionnaliser. C’est dans l’ADN de l’école de former des entrepreneurs qui aient également la fibre commerciale. Deux qualités dont la conjonction paraît évidente aux États-Unis mais qui ne sont pas encore suffisamment réunies en France.

O. R : La famille des bachelors est aussi large que diverse. Comment définiriez-vous le vôtre ?

A. S : C’est un bachelor généraliste avec la possibilité de construire petit à petit son projet. S’il est possible de s’arrêter dès le bachelor obtenu pour trouver un emploi, 80% de nos étudiants préfèrent poursuivre en master.

O. R : Toujours à Novancia ?

A. S : C’est le cas de la moitié d’entre eux, l’autre préfère postuler dans d’autres écoles. En master nos promotions sont donc composées autant d’étudiants qui sont déjà dans nos murs depuis trois ans que de nouveaux entrants. Tous se mêlent très bien rapidement même s’il est vrai que deux ans dans une école, avec beaucoup de stages, des séjours à l’étranger, c’est un peu court pour développer un vrai sentiment d’appartenance à une école, d’où une forte intensité des enseignements et activités.

O. R : En master vous proposez également à vos étudiants de travailler sur de nombreux projets.

A. S : Depuis cette année nous faisons par exemple travailler ensemble étudiants et professionnels sur des cas concrets dans le cadre du dispositif Alice-Lab (Action-Learning for Innovation Creativity & Entrepreneurship). Un projet qui réunit des étudiants de Novancia mais aussi d’une autre école de la CCI Paris Ile-de-France, Gobelins, l’école de l’image, dont les étudiants apportent leur savoir-faire en communication numérique. Nous organisons également des « 24 h chrono de l’entrepreneuriat ».

O. R : On n’entend parler que de ça partout : la priorité c’est l’innovation aujourd’hui ?

A. S : Quand l’économie ne va pas si bien il faut bien innover. Il y a une grande attente sociale dans la capacité des écoles à donner confiance aux jeunes. À leur faire prendre conscience de toutes les opportunités qui leur sont ouvertes et notamment dans des PME où ils pourront prendre rapidement plus de responsabilités que dans de grands groupes.

O. R : Novancia est aussi une école de recherche.

A. S : Parmi nos 80 enseignants permanents, une quarantaine d’enseignants-chercheurs travaillent sur des sujets qui intéressent directement les entreprises, comme par exemple « les enjeux sur la négociation commerciale de l’éthique et la responsabilité sociale des entreprises ». Nous organisons tous les deux ans des Biennales de la négociation pour faire se rencontrer nos enseignants-chercheurs et des entreprises et les convaincre de l’intérêt de la recherche.

O. R : Cette fibre de l’entreprise elle s’acquiert également grâce à l’apprentissage. Vous êtes l’une des écoles de commerce où il est le plus développé.

A. S : 27% de nos étudiants sont apprentis. À partir de la rentrée 2014 il sera possible de devenir apprenti dès la deuxième année de bachelor et de le rester jusqu’en master. Il est même possible de rester apprenti tout en faisant son séjour obligatoire à l’étranger, soit que les entreprises qui reçoivent nos apprentis aient des filiales à l’étranger, soit qu’elles passent des accords avec des entreprises étrangères.

Mais attention, il ne faut pas choisir l’apprentissage juste parce qu’on souhaite être rémunéré et ne pas payer de frais de scolarité. Être apprenti c’est travailler deux fois plus et notre service relation entreprises met en garde ceux qui n’ont pas vraiment le profil.

O. R : Constatant que 10% de vos étudiants occupaient des emplois en dehors de l’apprentissage, vous avez décidé de leur proposer un enseignement adapté.

A. S : Plutôt que de voir des étudiants salariés s’épuiser entre leurs études et leur emploi, nous leur avons ouvert une classe spécifique dans laquelle ils n’ont cours que le matin. Cela leur permet bien sûr de financer leurs études mais aussi d’acquérir de l’expérience car ils travaillent généralement dans la vente clientèle. J’ajouterai que cela leur donne une motivation de plus pour réussir leurs études car ils se rendent vite compte qu’ils n’ont pas envie d’être en boutique toute leur vie !

Par ailleurs, nous offrons également des bourses Novancia qui permettent aux étudiants de bénéficier d’une exonération partielle de leurs frais de scolarité. Certains étudiants vont effectuer un cursus complet à Novancia sans débourser un euro.

  • Photo Steve Murez
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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