ECOLES DE MANAGEMENT, PORTRAIT / ENTRETIENS

« L’Essca se positionne dans une logique de projets avec les acteurs locaux »

Plus que jamais multi-campus, l’Essca s’implante à la rentrée 2022 à Strasbourg. Si la pandémie a réduit un temps les ambitions de l’école à l’international elle compte bien les relancer dans les années à venir. Jean Charroin, son directeur général, revient avec nous sur ses ambitions pour son école.

 Olivier Rollot : Pour l’Essca la grande nouveauté de l’année va être son implantation à Strasbourg. Une ville et une région dans lesquels l’enseignement supérieur privé est peu présent. Pourquoi vous implanter là-bas ?

Jean Charroin: Nous avons déjà des bâtiments en vue et constitué un corps professoral de cinq enseignants-chercheurs. Nous ouvrirons à la rentrée 2022 deux classes de licence et master pour cinq professeurs. et donc un très beau d’encadrement qui devrait faire naitre un bel esprit d’équipe.

Et pourquoi Strasbourg, qui est effectivement une ville très universitaire ? Mais justement parce qu’on n’y délivre par aujourd’hui de diplôme d’école de management postbac en 5 ans. Nous avons d’ailleurs reçu un très bon accueil des acteurs locaux qui nous assurent d’une neutralité bienveillante. Etre un établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG) peut également contribuer à dynamiser le tissu local. Des étudiants peuvent être amenés à venir à Strasbourg pour suivre notre cursus et y rester travailler ensuite. Le tout, pour nous qui sommes une association, est d’équilibrer nos comptes.

O. R : Avec des implantations à Angers, Aix-en-Provence, Bordeaux, Lyon et Paris, bientôt Strasbourg, l’Essca est quasiment devenue un acteur de toutes les régions françaises. Quels investissements allez-vous encore y faire ?

J. C : Partout nous nous positionnons dans une logique de projets avec les acteurs locaux. A Strasbourg, nous pourrions travailler avec l’EM Strasbourg comme avec la faculté de gestion ou encore une école d’ingénieurs à des projets communs. D’ailleurs nous passons partout le BSIS (Business School Impact System)

En termes d’investissements nous nous installerons dans un nouveau bâtiment, en cours de rénovation, à Bordeaux en 2023. A Lyon nous agrandissons nos locaux. A Paris nous hésitons entre une extension de nos locaux de Boulogne ou une relocalisation pour 2024. De même à Aix-en-Provence. C’est un formidable développement qui a profondément transformé l’école : en 2024 60% de nos collaborateurs auront moins de cinq ans d’ancienneté.

O. R : Et à l’international où en êtes-vous, que ce soit sur vos campus de Budapest et Shanghai ou, plus largement, face à une pandémie qui a profondément impacté les flux de recrutement internationaux ?

J. C : La crise Covid nous pousse à reconsidérer les flux d’étudiants, voire les recrutements. Recruter des étudiants à l’autre bout de la planète cela implique des complications sanitaires mais aussi géopolitiques. Certes nous recevons encore quelques étudiants chinois mais nous sommes globalement en deçà de 20% par rapport à notre activité habituelle à l’international.

Pour autant le développement international reste pour nous un enjeu important. Parce qu’il va falloir être dans les starting blocks pour recruter le Covid passé, nous avons d’ailleurs multiplié par trois l’équipe dédiée. De plus notre plan stratégique prévoyait l’ouverture d’un campus en Amérique du Nord d’ici 2024. La pandémie a repoussé cette ouverture. Notre politique est plus axée aujourd’hui sur l’Europe.

O. R : Avec la réforme du bac comment faites-vous évoluer votre programme Grande école ?

J. C : Nous avons pris la décision de faire évoluer sa maquette pédagogique en donnant plus de poids aux mathématiques et à la géopolitique. Le cycle initial ne comporte plus que 40% de management pour 20% de mathématiques et autant de langue vivante et de géopolitique. C’est en quelque sorte une classe propédeutique qui se différencie ainsi de notre bachelor où les étudiants sont tout de suite plongés dans la gestion. D’ailleurs nous constatons qu’il y a moins de 8% de recoupements de candidatures entre les deux programmes. C’est simple : si on ne veut pas faire de mathématiques, on ne postule pas en PGE.

O. R : Où en est votre offre de programmes ? De nouveaux programmes sont-ils en projet ?

J. C : Nous avons fait le choix d’être une école multi-campus plutôt qu’une école multi-programmes. Nous avons d’ailleurs créé une direction des opérations qui nous permet d’être efficients et qualitatifs partout. Tous nos campus sont sur le même modèle avec un PGE et un bachelor. Seuls Paris et Shanghai proposent en plus des MSc.

Nous avons recentré notre offre en passant de 25 à 16 spécialités de PGE et de trois à un seul bachelor mais avec des options. Aujourd’hui nous sommes surexposés sur le postbac qui représente 90% de notre activité. Il y a donc là des marchés futurs à développer, mais il fallait d’abord simplifier notre portefeuille de programmes.

Notre modèle ce sont des campus de taille intermédiaire, de 1 500 à 2 500 étudiants, voire 3 000 à Paris, pour y dispenser la même expérience étudiante que nous délivrions déjà à Angers il y a trente ans. Nous délivrons un même diplôme sur huit campus avec des examens qui commencent tous à la même heure, même à Shanghai.

O. R : Quels sont vos objectifs de développement ?

J. C : En 2015 nous recevions 2 500 étudiants, en 2021 nous sommes montés à 6 500 et nous pensons en recevoir 8 500 en 2024. Notre grade de licence a conduit à une hausse de 150% des candidatures en bachelor. En 2025 notre budget pourrait atteindre les 100 millions d’euros.

Depuis 2019 nous sommes dans une phase de design organisationnel qui ira jusqu’en 2024 avant de nous relancer dans de nouveaux développements dans la période 2024-2030. Nous devions d’abord montrer que nous étions capables de gérer nos nouveaux campus en y assurant une qualité uniforme.

En étant triple accrédité au niveau international nous pouvons nous adresser aux entreprises du CAC 40 tout en étant proches des PME et des ETI. Pour des entreprises comme EY ou la Société Générale c’est important d’avoir des interlocuteurs nationaux et locaux.

O. R : Vous imaginez l’ouverture d’autres campus en France ?

J. C : Après Strasbourg il reste quelques régions où nous ne sommes pas présents comme Marseille ou Nice. Mais il est peu probable que nous ouvrions de nouveaux campus en France.

O. R : Et vos frais de scolarité, vont-ils évoluer ?

J. C : Nous avions pensé les augmenter en 2022-23 mais finalement ils ne bougeront pas. Certes il y a de l’inflation, notamment sur le coût de l’électricité, mais c’est marginal dans la structure de nos coûts.

  • UKRAINE : Fortement liée à l’Europe de l’Est du fait de son campus à Budapest, l’Essca, prépare la mise en place de dispositifs de soutien aux étudiants et enseignants-chercheurs ukrainiens. D’ores et déjà, elle a décidé d’accorder chaque année 10 bourses d’études couvrant la totalité des frais de scolarité d’un programme pour des étudiants issus d’un pays en conflit. L’école s’apprête également à mettre en place des coopérations spécifiques avec des institutions ukrainiennes « afin de permettre à leurs étudiants de poursuivre leurs études en France en leur accordant notamment des bourses logement ».
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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