ECOLE D’INGÉNIEURS

« Nous partons des besoins socio-économiques et industriels »

Patrick Duvaut IMT

C’est le « M. Innovation » de l’Institut Mines Télécom (IMT). Multi-entrepreneur, chercheur, agrégé de physique, Patrick Duvaut est le prototype du scientifique créateur d’entreprise. Depuis un peu plus d’un an il vient apporter son expertise à l’IMT.

L’Institut Mines Télécom (IMT) est particulièrement investi dans l’innovation. Cette année vingt start up incubées par vos soins ont ainsi fait le voyage jusqu’au plus grand colloque consacré à l’innovation du monde : le CES de Las Vegas. Pourquoi cet intérêt pour les jeunes pousses ?

Avec le ministère de l’Économie, ministère de tutelle de l’Institut Mines Télécom, nous avons emmené vingt start up françaises qui avaient été sélectionnées dans le cadre du Prix Innovation Bercy-IMT. Aujourd’hui l’IMT est le premier réseau d’incubateurs français et même européen avec 200 start up incubées dont 100 nouvelles chaque année sur 11 sites régionaux. Nous accompagnons des porteurs de projets innovants sur les cinq grandes transformations du XXIème siècle : numérique, industrielle, énergétique-écologique-environnementale, économique-sociétale-éducative et dispositifs de santé et bien-être. La grande majorité de ces projets se situant dans ce qu’on appelle la « Deep Tech » c’est à dire poussées par les disruptions technologiques : IA, Data, Cryptographie, Cyber Sécurité, IoT & Réseaux, Blockchain, RV-AR-MR, Robotiques, etc.).

Comment l’IMT finance-t-il non seulement ces start up mais tout le processus d’innovation de l’IMT que vous pilotez ?

Notre tutelle nous donne la moitié de nos moyens. L’autre moitié vient de l’industrie et des collectivités sous forme de contrats. 130 M€ par an ! Soit le volume d’une ETI (entreprise de taille intermédiaire) avec un vrai marketing de l’offre. En formation, en recherche comme en innovation, nous partons vraiment des besoins des entreprises. Chaque année nous déposons de 80 à 90 brevets avec un ADN pluridisciplinaire qui mêle économistes, sociologues et chercheurs. L’IMT emploie des enseignants-chercheurs en sciences humaines et sociales y compris en en droit, notamment sur les question de RGPD (règlement général sur la protection des données) avec la Chaire Valeur et Politique des Informations personnelles.

Nous partons vraiment des besoins socio-économiques et industriels avec une innovation responsable où nous impliquons très tôt dans la démarche, des utilisateurs. Nous mettons en relation chercheurs, start up, grands comptes et financeurs pour produire rapidement des projets. Il s’agit d’un vrai différenciateur dans la recherche française.

Vous financez des types de projets en particulier ?

Nous lançons en 2019 ValYooTrust, une place de marché d’actifs immatériels sécurisée par une blockchain et accélérée par IA, au service des écosystèmes d’innovation : start-up, experts, usagers-citoyens-patients, Fonds d’investissement, Grands Comptes, Collectivités, Hôpitaux. La blockchain utilisée que l’on peut qualifier de « JuriGreen » a une mini empreinte Carbone et se voit dotée d’une assise légale. Les innovateurs sont récompensés par des Tokens.

Le projet Data4Planet répond lui au défi numéro 11 des Accords de Paris sur le climat.Il s’agit de récompenser chaque comportement vertueux – sous forme de « coins » – tout en respectant la vie privée. L’IMT pilote aujourd’hui une cinquantaine de chaires.

Comment crée-t-on un écosystème de l’innovation ?

L’idéal est de mettre en contact et en confiance quatre types d’acteurs : les offreurs (start-ups, experts, entrepreneurs), les investisseurs, les acheteurs (Grands Comptes-ETI-Collectivités) et les usagers-patients. Ensemble ils créent et enrichissent des actifs immatériels (Idées, principes, codes, business modèles, innovations, expérience utilisateur, données contextualisées, etc.) qui ne sont pas toujours éligibles à des dépôts de brevet et même quand ils le sont, les moyens mobilisables sont insuffisants !

C’est là qu’intervient ValYooTrust pour mettre autour d’une plateforme tous ces acteurs tout en garantissant la protection, la notarisation et la monétisation des actifs immatériels et leurs échanges par blockchain. Un fonds d’investissement qui évalue par exemple chaque année 6000 projets de start-up en phase d’investissement a besoin d’un outil de notarisation automatique des actifs des jeunes pousses dans la mesure où la plupart du temps, il n’y a pas de signature d’accord de non divulgation. Dans le cadre de l’externalisation de leur innovation via des start-up sur des cycles courts, par « effectuation », les principes des preuves de concept et pré-produits ne sont en général pas protégés. C’est là aussi qu’interviennent ValYooTrust et la blockchain JuriGreen pour protéger les créateurs et favoriser l’innovation.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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