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«L’Ipag est une très belle maison depuis très longtemps»: entretien avec Olivier Maillard

Après sept ans à la direction de l’Esdes il vient de prendre la direction de l’Ipag. Olivier Maillard revient avec nous sur les forces d’une école passablement bousculée ces dernières années et à laquelle il entend bien redonner tout son lustre. (Photo © Maison Trafalgar & Romain Chambodut)

 Olivier Rollot : Il y a maintenant quatre mois que vous avez pris la direction de l’Ipag. Que diriez-vous si vous deviez établir un « rapport d’étonnement » ?

Olivier Maillard : L’Ipag vient de connaitre deux année extrêmement difficiles avec l’arrivée à sa direction de Jean-François Fiorina décédé peu après. Cela a été un gros traumatisme pour l’école de perdre ainsi un directeur très compétent après avoir vu renouveler juste pour une année son grade de master. Cela a mis la gouvernance en grande difficulté. Depuis le grade de master a été renouvelé pour trois ans et les équipes veulent passer à une nouvelle étape.

L’Ipag est une très belle maison depuis très longtemps qui propose une offre de programmes de très belle qualité. Les équipes sont très attachées aux étudiants et nous possédons un réseau d’alumni puissant dont l’association est gérée depuis 2019 au sein de l’école. En 2023 ce sont ainsi 1 000 alumni qui ont été impliqués fortement dans la vie de l’école, que ce soit dans des formations métiers, le recrutement des étudiants ou encore des comités de perfectionnement. Le bureau de l’association qui gère l’Ipag est d’ailleurs composé à 50% d’alumni.

O. R : La concurrence est rude cette année pour les écoles postbac dont certaines n’ont pas fait le plein. Comment allez-vous gérer cette concurrence ?

O. M : Pour une école postbac comme l’Ipag, qui propose à ce niveau un programme Grande école en cinq ans et des bachelors en trois ans, la concurrence vient principalement des BBA soutenus par de belles marques.

A nous de montrer tous les atouts d’une formation en cinq ans sur un public qui va être au mieux stable dans les années à venir avec la démographie. A nous de trouver le moyen de toucher aussi des publics qui ne vont pas naturellement vers nous.

Et nous devons également faire revenir les filles qui se sont quelque peu détournées de nous en pensant que nous demandions un niveau important en mathématiques alors que ce n’est pas un critère déterminant.

O. R : Quelle stratégie entendez-vous développer ?

O. M : C’est un peu tôt pour en parler car nous y travaillons mais il est par exemple clair que nous devons développer plus de doubles diplômes et d’hybridation. L’Ipag est partenaire par exemple du Politecnico de Torino depuis 2011 avec lequel elle délivre à la fois son diplôme et un diplôme d’ingénieur en cinq ans. Sélectionnés sur leur niveau en sciences, parlant trois langues (français, anglais et italien), 15 étudiants sont ainsi sélectionnés chaque année et suivent leur 3ème et leur 5ème année à Turin. Je souhaite reproduire ce modèle avec trois ou quatre autres grandes institutions en France et dans le monde.

Nous investissons également dans la dimension digitale. Nous avons ainsi choisi la solution de Métavers de la société Komodal. Nous y dispensons depuis la rentrée 2023 30% des cours de première année de notre programme Grande école. C’est un moyen extraordinaire pour mettre nos étudiants en relation d’un campus à l’autre ou réunir nos alumni partout dans le monde. Sur ce métavers nous pouvons aussi bien délivrer des cours en amphi que des TD ou permettre aux étudiants de se réunir en petits groupes avec leur avatar. Les étudiants se prêtent au jeu. Ils apprécient également beaucoup les cours en amphi séquencés qui permettent de se retrouver ensemble beaucoup mieux qu’en visio.

Dans les deux exemples cités (hybridation et métavers), l’expérience étudiante est au cœur de nos actions.

O. R : Ce métavers permet de travailler ensemble du monde entier ?

O. M : Oui, avec des partenaires nous avons mis en place des Collaborative Online International Learning (COIL) qui permettent à deux groupes d’étudiants, l’un de l’IPAG, l’autre d’une de nos universités partenaires, de travailler sur un projet commun supervisé par deux enseignants. Ces projets sont souvent menés via Teams. Nous proposons de combiner la visio et le métavers.

O. R : Vous l’avez indiqué : l’Ipag a retrouvé son grade de master pour une durée de trois ans. Avez-vous en ligne de mire d’autres accréditations ?

O. M : Notre bachelor est visé pour quatre ans et nous envisageons de déposer prochainement une demande pour le grade de licence. Notre PGE a été réaccrédité par l’EFMD pour cinq ans en 2020. Nous sommes par ailleurs en fin de processus pour AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) et espérons accueillir la peer review team au cours du premier semestre 2025. Enfin en tant qu’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG) nous serons bientôt évalués par le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur).

Nous nous appuyons sur une excellente équipe de recherche avec beaucoup de publications en finance verte, en économie circulaire, en RSE ou encore en entreprenariat familial. Un de nos professeurs fait même partie de la liste que publie Stanford des professeurs les plus influents dans le monde.

O. R : L’Ipag est implantée à Paris et Nice. Envisagez-vous d’autres implantations à l’image d’écoles comme l’Essca ?

O. M : L’Ipag a un campus historique au cœur de Saint Germain des Prés et dispose depuis 2021 d’un navire amiral à Beaugrenelle (depuis 2021). L’école est implantée à Nice depuis 1989 mais aussi à Abidjan. A Abidjan, les étudiants se préparent pendant deux années avant de rejoindre le PGE ou le programme Bachelor en France. Au total, nous accueillons près de 3 000 étudiants.

O. R : Quelle est la dimension internationale de l’Ipag ?

O. M : Notre corps professoral est très international et nous entendons booster notre recrutement d’étudiants internationaux qui représentent aujourd’hui 20% de nos effectifs. Notre large offre de formation anglophone et la localisation de nos campus à Paris et sur la Riviera constituent des atouts que nous aurons à cœur d’exploiter davantage. L’international pour nos étudiants, c’est aussi un accès à des partenaires internationaux, répartis partout dans le monde et dotés des meilleures accréditations mondiales. Nous visons rapidement 50% de partenaires accrédités.

O. R : Que représentent l’apprentissage et la formation continue ?

O. M : 28% de nos étudiants sont apprentis et nous ne souhaitons pas dépasser les 30% car le modèle économique de l’apprentissage est très difficile à maitriser. Quant à la formation continue nous en faisons très peu si on excepte une version Executive de notre programme Grande école. Il y a là un fort potentiel de développement.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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