ECOLE D’INGÉNIEURS

L’Icam ouvre un nouveau parcours de formation

L’Icam est sur tous les fronts. Après avoir inauguré son implantation en République du Congo, à Pointe-Noire, début janvier elle lance un tout nouveau parcours d’études, dit « parcours ouvert ». Les explications de son directeur, Jean-Michel Viot , et de la directrice de son pôle enseignement supérieur, Carole Marsella.

Olivier Rollot : L’Icam lance cette année un tout nouveau parcours d’études, dit « parcours ouvert ». En quoi cela consiste-t-il ?

Carole Marsella

Carole Marsella : Nous ouvrons à la rentrée prochaine ce troisième parcours dit « ouvert » – les deux premiers étant « l’intégré » et « l’apprentissage » – pour recevoir de nouveaux types de bacheliers. Au-delà des S, STI, STI2D et STL il sera en effet également ouvert à des bacheliers ES ou L, ayant opté pour une spécialité mathématiques, mais aussi à des diplômés étrangers. Après une première année de préparation, nous leur proposons une pédagogie expérientielle fondée sur le « Problem Based Learning », le PBL, avec comme point d’orgue la construction d’un bateau radiocommandé. Ce cursus sera dispensé sur nos quatre campus en France mais aussi sur nos campus en Inde, à Chennai, et au Cameroun, à Douala. En tout quatre ans pour rejoindre ensuite l’un des deux autres cursus en 4ème année.

Jean-Michel-Viot

Jean-Michel Viot : Le monde va avoir besoin de personnes beaucoup plus créatives, agiles, dans l’action. Dans une formation classique le modèle dominant est l’acquisition de connaissances qui seront ensuite appliquées. Un schéma qui ne favorise pas la créativité. Ce nouveau cursus est au contraire basé sur le « faire vite » avant d’apprendre en corrigeant ses erreurs. Une démarche inductive qui correspond à la génération que nous formons aujourd’hui.

Carole Marsella : La dimension internationale est également très importante avec un cursus dispensé d’abord dans la langue du pays les deux premières années puis en anglais les deux autres. De plus les étudiants passent obligatoirement une année à l’étranger.

O.R : Ce nouveau cursus est-il facturé au même montant que les deux autres ?

J-M. V : Il est plus cher les quatre premières années – 6900€ contre 3100€, moitié moins en Afrique – car entièrement dispensé chez nous quand les autres le sont en partenariat avec des lycées ou l’université les premières années. Il y a bien sûr la possibilité de recevoir des bourses dans le cadre de notre fonds de solidarité. Nous délivrons 1 M€ de bourses chaque année qui sont remboursées dans 99,8% des cas. Et même au bout de trois ans après l’obtention de leur diplôme quand les étudiants ont jusqu’à cinq ans pour le faire. Avec un salaire moyen de 35 000€ par an c’est tout à fait envisageable.

O.R : Combien d’étudiants attendez-vous ?

J-M. V : Environ soixante par promotion. Dont certains auraient choisi une école de commerce sinon.

O.R : L’Icam est l’une des écoles d’ingénieurs françaises les mieux implantées à l’international. Début février vous avez inauguré votre tout nouveau campus en République du Congo, à Pointe-Noire. Comment vous êtes-vous implantés là-bas ?

J-M. V : Nous sommes présents en Afrique depuis 2002 : d’abord à Pointe-Noire puis, en 2004, à Douala, au Cameroun dans le cadre d’une collaboration avec l’Université Catholique d’Afrique Centrale. Nous avons été soutenus au début par le ministère des Affaires étrangères, qui a financé les postes de direction pendant dix ans, et par Total qui nous hébergeait gratuitement. Aujourd’hui nous sommes autonomes avec des campus propres.

Nous avons diplômé nos premiers étudiants en 2007 et nous en recevons aujourd’hui 500 dont la moitié sont Camerounais, un quart Congolais et les autres Tchadiens, Gabonais et Centre-africains. Leur cursus se répartit entre deux ans à Pointe-Noire suivis de trois ans à Douala. C’est une vraie interculturalité ! Un peu comme si on faisait étudier en Europe des Norvégiens, des Grecs et des Allemands.

O.R : A quels métiers les formez-vous ?

J-M. V : Nous formons localement des ingénieurs qui occuperont ensuite des postes qui auraient été occupés sinon par des personnels expatriés. Les étudiants que nous formons ne seraient très probablement pas allés en Europe et auxquels on propose une formation locale de très haut niveau.

O.R : Est-il envisageable que votre antenne aficaine  soit demain accréditée par la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) ?

J-M. V : En France, nos formations d’ingénieurs généralistes débouchent sur un diplôme habilité par la CTI. Le ministère de l’Enseignement supérieur camerounais a sollicité la venue des experts de la CTI. Certaines formations de l’Ecole nationale supérieure Polytechnique de Yaoundé sont déjà accréditées par la CTI.

O.R : L’Afrique n’est pas le seul continent sur lequel l’Icam est implantée. Vous êtes également en Inde. Toujours en partenariat avec une université catholique ?

J-M. V : Nous travaillons effectivement là aussi avec une université jésuite. En l’occurrence le Loyola College, très renommée là-bas. Les colleges of engineering sont en plein développement en Inde. Nous pourrions également nous implanter au Brésil, à Recife, avec une université jésuite locale.

O.R : Revenons un peu en arrière. Pouvez-vous nous rappeler l’histoire de l’Icam ?

J-M. V : L’Icam a été créé il y 120 ans, en 1898, par des industriels du textile lillois pour accompagner la mécanisation. La famille Vrau était également très attentive à la place de l’homme dans le travail. Faute de trouver un accord avec les Lassaliens, Philibert Vrau s’est finalement tourné vers les Jésuites qui ont assurés la direction de l’école jusque dans les année 1980.

En 1977 l’école adopte un format prépas + 3 ans en partenariat avec le lycée Ozanam de Lille dans lequel sont dispensées les deux premières années. Aujourd’hui encore notre recrutement se fait essentiellement après le bac. Si les élèves de prépa et des titulaires d’un DUT Mesures physiques ou Génie Mécanique et Productique nous rejoignent également ensuite, c’est de manière tout à fait marginale.

O.R : C’est dans les années 80 que l’Icam sort de ses murs historiques lillois pour créer d’autres campus en France… En développant rapidement l’apprentissage.

J-M. V : A la fin des année 80 il a semblé nécessaire de doubler le nombre de nos étudiants. Les Jésuites nous ont alors conseillé de penser à de nouvelles implantations. Nantes d’abord, avec le lycée La Joliverie, puis Toulouse avec le lycée St Joseph, Vannes, La Roche-sur-Yon et Paris-Sénart, avec le lycée St Léon. C’est aussi à la fin des années 80, en 1989, que le gouvernement a publié le Rapport Decomps qui préconise de nouvelle modalités d’enseignement et en particulier l’apprentissage. L’Icam se lance immédiatement, en 1991, à Lille avec une filière dédiée puis avec deux campus dédiés à l’apprentissage, La Roche-sur-Yon et Vannes. Aujourd’hui 45% de nos étudiants, soit 300 à 320, suivent leur cursus en apprentissage.

O.R : Les étudiants en apprentissage suivent-ils les mêmes cursus que ceux en formation « classique » ?

J-M. V : Ce sont des cours différents avec un recrutement différent. Nos étudiants en apprentissage passent par un BTS, dispensé également par le lycée Ozanam pour le site de Lille mais aussi par les lycées Saint-Joseph à Vannes, Saint-François d’Assise et Saint-Gabriel à La Roche-sur-Yon, et le lycée Saliège à Toulouse), ou par un DUT (GEII ou GIM) dispensé par l’université Paris Est Créteil.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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