ECOLE D’INGÉNIEURS, POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Moyens, recherche, label : la Cdefi s’interroge

Emmanuel Duflos, président de la Cdefi et directeur général de l’EPF, et Cécile Delolme, vice-présidente de la Cdefi et directrice de l’Entpe

Nouveau label enseignement supérieur privé, budget de l’enseignement supérieur et de la recherche, création des agences de programmes, la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) avait beaucoup à dire cette semaine en commençant par lancement d’un conseil stratégique de la recherche des écoles d’ingénieurs.

Recherche et agences de programmes. « Les écoles ont été unanimes pour soutenir la création de ce conseil stratégique. Nous faisons le constat que la reconnaissance de la recherche dans les écoles d’ingénieurs reste faible au plus haut niveau de l’État. De plus la position des écoles régresse et elles sont de plus en plus exclues du pilotage des UMR. Elles sont souvent vues comme des agences de moyen pour des établissements la pilotent », analyse le président de la Cdefi, Emmanuel Duflot. Piloté par l’ancien président de la Cdefi et directeur général des Mines Saint-Etienne, Jacque Fayolle, le conseil se réunira pour la première fois le 19 mars.

La présence des écoles dans les nouvelles agences de programmes ne rassure en effet pas la Cdefi. « Si l’objectif de départ de transformer les organismes nationaux de recherche en agences de programme est louable il va falloir prendre garde à ne pas dédoubler les ONR en mettant en place des process complexes qui auront au final pour unique mission de redistribuer un PEPR (Programme et équipement prioritaires de recherche) de plus par agence », s’inquiète Laure Morel, vice-présidente de la Cdefi et directrice de l’Ensgsi, qui propose que les écoles participent au choix des futurs programmes.

  • « Disposer d’une fiche RNCP unique pour le doctorat ne nous parait pas possible », réaffirme également Laure Morel, qui a déjà présenté les compétences de l’ingénieur-docteur telles que les définit la Cdefi (lire l’article sur le site de l’Essentiel du Sup).

Quel nouveau label de l’enseignement supérieur privé ? « La très grande agilité de l’enseignement supérieur privé lui permet de créer des formations qui ne sont pas forcément réalisées par la puissance publique. La nouvelle loi sur l’apprentissage et les aides apportées aux entreprises l’ont encore renforcé », fait le bilan de l’évolution du paysage Dominique Baillargeat, vice-présidente et directrice générale de 3IL Ingénieurs, qui est particulièrement impliquée pour la Cdefi dans la création du futur label de l’enseignement supérieur privé : « Il y a un vrai problème de visibilité et les familles peuvent facilement être trompées sur l’offre de formation. Il faut une régulation qui se fasse pour chaque formation. Il faut qu’on puisse faire la différence entre les diplômes et les titres ». Pour la Cdefi « toutes les formations, publiques et privées, devraient être concernées dès lors qu’elles ne possèdent ni visa ni grade ». Les procédures devraient être allégées pour les formations déjà évaluées par la CTI, le Hcéres ou encore la Cefdg.

Parmi les critères à retenir pour structurer le futur label Dominique Baillargeat insiste sur la nécessité pour chaque établissement de posséder une équipe pédagogique permanente, de bonnes conditions d’enseignement et une transparence dans sa communication. Et de conclure : « Il ne faut pas que ce soit une appellation supplémentaire qui complique encore le choix mais, au contraire, qui le simplifie ! »

  • La Cdefi s’interroge également sur la capacité de tout en chacun de créer un établissement d’enseignement supérieur sans condition de compétences particulières.

Un budget de l’enseignement supérieur et de la recherche en berne. Même si les annulations de crédit du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) portent essentiellement sur les réserves de précaution et des projets repoussés, « les moyens stagnent alors que les besoins augmentent. L’enseignement supérieur et la recherche n’est pas dans les priorités de l’État ! » dénonce Cécile Delolme, vice-présidente de la Cdefi et directrice de l’Entpe, qui note également que « les écoles ne sont pas toutes traitées de la même façon selon leur tutelle ministérielle ». Autre interrogation sur la baisse des moyens de France Compétences qui pourrait « mettre à mal le modèle des écoles ».

La dimension internationale. La Cdefi reste opposée à la création de caution pour les étudiants internationaux comme à l’obligation pour les établissements d’établir des droits différenciés ou encore au suivi du caractère « réel et sérieux » des études suivies. « Au-delà des mesures de la loi immigration il y a pour nous un réel sujet d’attractivité internationale. Nous allons lancer un groupe de travail pour déceler comment être plus attractifs », établit Emmanuel Duflos, qui se félicite de la participation de beaucoup d’école d’ingénieurs aux universités européennes.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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