ECOLES DE MANAGEMENT, PROGRAMMES

« Nous allons introduire 50% d’action learning dans nos programmes »: Jean-Christophe Hauguel, directeur général de l’ISC Paris

ISC Paris présente un nouveau plan stratégique ISC Paris 2025. Bilan de ce qui a été fait depuis quatre ans et perspectives sur tout ce qui va être fait dans les quatre années à venir avec son directeur général, Jean-Christophe Hauguel.

Olivier Rollot : ISC Paris se projette dans l’avenir, à quatre ans, mais avant de parler de vos projets que diriez-vous d’un petit bilan des quatre années qui viennent de s’écouler ?

Jean-Christophe Hauguel : Pendant ces quatre ou cinq dernières années l’ISC a d’abord été l’école qui a obtenu le plus de nouvelles accréditations intermationales : AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) et la nouvelle accréditation de l’Amba qu’est le BGA pour toute l’école, EFMD Accredited et Amba pour le programme Grande école (PGE) et le MBA. En France l’ISC a également obtenu le  grade de master pour son PGE pour quatre ans et le visa pour le bachelor. Tout cela nous a également permis d’intégrer le classement des masters du Financial Times mais aussi d’intégrer les classements thématiques de QS.

A côté de ces accréditations l’ISC s’est pour la première fois implantée en dehors de Paris en ouvrant en 2019 un campus à Orléans qui a tout de suite connu un vrai succès. L’année suivante, en 2020, nous avons réformé notre PGE et signé un « pacte d’employabilité » avec nos étudiants. Nous avons également transformé l’image de l’école avec une nouvelle plateforme de marque, un nouveau site, un nouveau logo et une nouvelle signature : « Be our change ».

O. R : Qu’est-ce qui va changer maintenant avec votre nouveau plan stratégique ?

J-C. H : Je vais poser la question autrement : « Qu’est-ce qui n’est pas dans notre plan ? » D’abord une course au gigantisme, à la multiplication par deux ou trois du nombre des étudiants. Parce que nous faisons partie d’un secteur hyper performant, qui recrute beaucoup d’étudiants étrangers, je m’interroge sur cette course. Nous voulons réaliser une croissance ambitieuse, en passant de 1 500 à 2 500 étudiants en quatre ans, mais cela doit se faire dans un environnement durable et éthique. Nous voulons absolument éviter que l’expérience étudiante se délite comme c’est le cas dans les grands ensembles. On peut, comme l’université de Saint-Gallen en Suisse, dominer depuis dix ans le classement des meilleurs masters in management du Financial Times avec des promotions entrantes de 50 étudiants. On peut, comme Tesla, être le constructeur automobile le plus coté au monde en ne produisant que 500 000 voitures par an.

La deuxième chose que nous ne voulons pas c’est redevenir l’école que nous étions avant la pandémie. Nous voulons au contraire capitaliser sur tout ce que nous avons appris, l’expérience de trois semestres largement en digital, pour former nos étudiants aux nouvelles méthodes de travail des entreprises. Les entreprises recherchent des profils capables de travailler, gérer et manager à distance. Nous assistons à une transformation sans précédent des modèles managériaux et nous devons y former nos étudiants. A la rentrée 2021 nous leur proposerons donc au moins 20%, une journée, de travail en distanciel.

O. R : Quels vont être dans les grands axes de votre plan ?

J-C. H : Il repose sur quatre piliers. Le premier, l’« action learning », est dans l’ADN de l’école. En 1963, sous la direction de son créateur, Paul Icard, l’ISC a inventé le stage. On doit à son successeur, Claude Riahi, la création des « entreprises étudiantes » qui sont toujours au cœur de notre pédagogie en permettant de systématiser la vie associative tout en donnant des objectifs de développement de chiffre d’affaires. Le grand tournant que nous prenons aujourd’hui c’est d’introduire 50% d’action learning dans tous nos programmes. C’est-à-dire que les stages, la vie associative, l’entreprenariat, les business games et, bien sûr, l’alternance vont représenter 50% du temps de formation de nos étudiants.

Nous allons également supprimer les grand-messes en amphi pour ne délivrer plus que des cours en petits groupes. Le toutes avec des pédagogies innovantes que nous allons certifier en interne en créant une « HDP » pour « habilitation à diriger la pédagogie ». Sur le modèle de l’HDR (habilitation à diriger les recherches) nous allons proposer un plan de formation à tous nos professeurs et, en 2025, il faudra posséder son HDP pour être professeur à l’ISC.

O. R : Les deux autres piliers rejoignent-ils des considérations de développement durable ? On sait que les étudiants y sont très attentifs aujourd’hui.

J-C. H : Les deuxième et troisième piliers réunissent ce que nous considérons comme des « must have » – nous devons absolument les avoir – avec effectivement un meilleur impact en développement durable et une meilleure imprégnation digitale. Pour l’impact nous avons déjà commencé à travailler en passant le BSIS (Business School Impact System) et le BGA dont l’un des cinq standards est l’impact. Avec le BSIS nous savons que notre impact global – territorial, environnemental, éducatif, financier – représente 155 millions d’euros chaque année. Pour aller plus loin, pour fédérer l’expertise de nos professeurs, nous allons structurer notre recherche autour des « sustainable businesses ». La seule façon de réaliser un développement durable est de conjuguer l’environnement et la viabilité économique. Avec une académie dédiée nous allons réfléchir à comment rendre le développement durable compatible avec l’économie. Un sujet que nous développons déjà avec la création cette année d’un BBA Sustainability & Innovation management et également d’un MSc Communication et Marketing Responsable.

Quant au digital il s’agit à la fois de tirer le meilleur de notre expérience de la pandémie et d’avancer sur de nouveaux programmes comme notre certificat Data Protection Officer pour lequel nous privilégions des dimensions humaines et éthiques. Nous voulons humaniser le digital.

O. R : Et le dernier pilier ?

J-C. H : Nous créons « ISC Paris on Demand ». On ne pourra plus être diplômé avec seulement le diplôme de l’école, il faudra également obtenir des certificats en fonction de son projet professionnel. Nos étudiants pourront demain piocher dans une kyrielle de certifications, cela en partenariat avec des organismes certificateurs –  Facebook Ads, Google Ads, etc. – linguistiques – Toefl, TOEIC ou leurs équivalents pour l’espagnol ou le chinois – en français avec Voltaire ou encore en informatique avec SAP pour ses logiciels ERP.

Mais nous allons aller encore plus loin en proposant à nos étudiants de certifier des savoirs faire manuels. Avec l’Ed Tech Skills & You nous allons proposer à nos étudiants de passer des CAP en cuisine, esthétique et mode pour commencer. Ils pourront ainsi passer leur stage étudiant dans une entreprise pour obtenir ce CAP en plus de notre diplôme et accéder ainsi à des métiers réglementés dans lesquels certains pourront même créer leur entreprise.

Enfin nous mettons l’accent sur l’accompagnement avec du peering – soutien des pairs – et du mentorat. Une partie des ECTS (European Credits Transfer System) de notre diplôme pourra être délivrée par les étudiants eux-mêmes dans le cadre d’une « bourse des compétences ». Un étudiant très fort en mathématiques pourra en aider un autre quand un passionné de cinéma pourra lui le lui faire découvrir. Autant de nouveautés qui concernent tous les étudiants de l’ISC.

O. R : L’année a été rude. Comment l’ISC sort elle financièrement de la pandémie ?

J-C. H : Nos écoles ont vécu douloureusement le départ des étudiants internationaux mais, finalement, ont passé le cap. Nous sommes aujourd’hui résolument optimistes même si nous avons toujours des incertitudes quant au retour des étudiants internationaux hors d’Europe. Mais même s’ils ratent quelques heures de cours au début de l’année, ils pourront les suivre en distanciel.

O. R : L’expérience internationale des étudiants va-t-elle évoluer au regard de ce que nous venons de vivre ?

J-C. H : Il faut compléter cette expérience obligatoire à l’étranger – à l’ISC de six mois de cours ou de stage – par un « international at home ». Et en cela le digital peut nous aider. Je prends un exemple. Chaque année nous organisons une semaine internationale avec nos établissements partenaires. En présentiel il en vient douze ou quinze avec des problèmes innombrables à résoudre en termes de déplacements, annulations, etc. Cette année en l’organisant à distance nous avons pu faire venir trente partenaires. Qui plus est, ils ont eu plus de rendez-vous avec nos étudiants que les autres années.

O. R : Mais en ce moment vos étudiants doivent se contenter d’aller seulement en Europe. C’est un peu décevant !

J-C. H : Il fallait s’adapter sans perdre le contact avec nos partenaires plus lointains. Nos étudiants d’Orléans ont ainsi pu suivre les mêmes cours en entreprenariat que des étudiants mexicains de Monterey. Ensemble ils ont travaillé sur des créations d’entreprises sans prendre un seul avion, sans un seul visiting professor !

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

1 Comment

  1. « En 1963, sous la direction de son créateur, Paul Icard, l’ISC a inventé le stage. » Il faut oser le dire. Le stage a été inventé par les formations de médecins et d’avocats dès le début du XIXème siècle et s’est généralisé dans les autres formations professionnalisantes, écoles d’ingénieurs et écoles de commerce. Le stage est obligatoire à HEC avant la seconde guerre mondiale.

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