POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Un nouveau bac : pour quoi faire ?

« Nous avons besoin d’un rebond dans la qualité de nos bacheliers. » Le 24 janvier le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, recevait des mains de Pierre Mathiot son rapport « Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée de possibles » en instant sur la nécessaire revalorisation de ce « monument national ». Remises en présence des lycéens réunis au sein du Conseil de la vie lycéenne les 65 pages du rapport vont forcément bien au-delà du simple passage du bac et proposent une véritable refonte d’un lycée qui serait dorénavant organisé en semestres. Mais attention : ce ne sont encore que des propositions. « Nous entrons dans une phase de concertation avec les syndicats qui débouchera sur une proposition de réforme le 14 février en Conseil des ministre », prévient Jean-Michel Blanquer. Le coureur de fond qu’est Pierre Mathiot sait que la course sera encore longue jusqu’au premier nouveau bac qui devrait être remis en 2020.

  • Les baccalauréats général et technologique sont passés respectivement chaque année par environ 380 000 et 140 000 candidats. Plus de 90% des lauréats poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur.
  • La réforme démarrerait à la prochaine rentrée en classe de seconde mais sans effets importants sinon l’instauration d’un test de positionnement numérique pour permettre à chaque élève de se situer et notamment dans son expression écrite et orale.

Simplifier. Dès sa prise de fonction Emmanuel Macron s’était engagé à réformer le bac. Avant, le 24 janvier 2017, il avait parlé de son coût exorbitant. Si personne ne s’en vante, la réforme en cours devrait d’abord pouvoir faire économiser des dizaines de millions d’euros. « Ce n’est pas au cœur du sujet mais si le bac coûte moins cher en se simplifiant nous faisons d’une pierre deux coups », commente Jean-Michel Blanquer. Le passage à seulement quatre épreuves finales (on parle de 60% de la note finale), joint à un contrôle continu pour les autres, devrait largement simplifier son organisation. Mais beaucoup craignent aussi, selon les mots du rapport, que la part du contrôle continu ne « perturbe le fonctionnement des classes et des lycées » et « réduise le bac au statut de diplôme d’établissement ». Des points que ne devraient pas manquer de souligner les syndicats étudiants.

  • En première les épreuves anticipées de français seraient maintenues. Les épreuves de rattrapage disparaitraient au profit d’un examen du dossier scolaire.

 

Signifier. Là aussi le ministre insiste : « Le but n’est pas d’avoir moins de bacheliers mais que le bac signifie quelque chose et notamment dans la réussite dans le supérieur ». Le constat des auteurs du rapport n’en est pas moins clair : « La valeur certificative du bac est interrogée, notamment du fait de l’augmentation très forte des mentions : 52% dans la voie générale ».

Connecter. Les 60% d’échec en licence interpellent depuis longtemps la communauté éducative. Si elle est finalement actée l’instauration d’un « Grand oral » de 30 minutes de fin de terminale – qui rappelle beaucoup celui à l’entrée dans les écoles de management – devrait par exemple permettre de mieux préparer les élèves à leur entrée dans l’enseignement supérieur. « Tout sauf un vecteur d’inégalité cette épreuve serait utile toute la vie aux élèves et permettrait de les désinhiber », commente le ministre. « Le bac que nous proposons doit permettre de mieux éclairer les jugements des établissements dans Parcoursup – les trois quarts des épreuves pourraient être estimées – et de réduire l’échec », assure Pierre Mathiot.

  • L’examen serait mené par un jury composé de trois personnes, dont une extérieure au lycée. Il pourrait peser pour 15 % de la note globale.

Choisir. Ce devrait être le principal point de crispation avec les syndicats. En proposant de supprimer les filières S, ES, L pour les remplacer par deux matières « majeures » et deux « mineures » le rapport Mathiot risque de remuer des chapelles disciplinaires qui ne craignent rien de plus qu’une certaine « mise en concurrence » entre elles du fait du choix donné aux élèves. La composition du tronc commun fera partie des discussions cruciale à venir.

  • Les bacs généraux et technologiques resteraient distincts mais avec des passerelles comme des majeures communes. La question de la voie professionnelle fait l’objet d’une autre mission et d’un autre rapport qui sera dévoilé courant février.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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