ALTERNANCE / FORMATION CONTINUE, UNIVERSITES

Objectif formation continue

Le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la Recherche a lancé cette semaine son « Réseau d’établissements pilotes pour le développement de la formation continue dans l’enseignement supérieur ». Parmi les 58 qui ont candidaté douze établissements ont été sélectionnés (l’université d’Angers, Paris Sciences et Lettres ou encore l’Association Toulouse Tech) et vont maintenant expérimenter concrètement la mise en œuvre des recommandations du rapport Germinet qui préconise notamment de s’appuyer sur la proximité avec la recherche, de connaître les coûts réels de l’activité de formation continue, de développer des mécanismes d’incitation au niveau des Comue et d’ouvrir la formation professionnelle à de nouveaux publics (bacheliers professionnels souhaitant démarrer une expérience professionnelle tout en ayant le projet de revenir plus tard dans l’enseignement supérieur, alumni, etc.). Le tout alors que le marché de la formation continue semble durablement déprimé et qu’un grand acteur comme Demos passe sous pavillon chinois.

« Le chiffre d’affaires ce n’est pas de la marge ! »

Montrant qu’il avait bien lu le rapport du président de l’université de Cergy-Pontoise, le secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon, a insisté deux fois sur ce point lors de la présentation du réseau : « Le chiffre d’affaires ce n’est pas de la marge ! » Dans son rapport François Germinet expliquait en effet que, « sans un changement de modèle, le développement de la formation continue représenterait paradoxalement un coût supplémentaire pour les établissements, et non un apport de ressources au profit du budget des établissements ».

Expérimenter

Les douze établissements sélectionnés bénéficient chacun de deux à trois postes pour les soutenir dans leur expérimentation. « Nous leur conseillons de recruter vite des professionnels habitués aux relations avec les entreprises, par exemple en se tournant vers les CCI », incite fermement Thierry Mandon, bien conscient que les délais prévus pour cette première phase – un bilan doit être établi fin 2016 – est bien court. « Nous intéresser à la formation continue « marchande » c’est une véritable transformation culturelle pour les universités », renchérit François Germinet, pour lequel la « marque université » doit « montrer sa valeur ». Quant à Simone Bonnafous, la DGESIP, elle insiste sur la nécessité de relancer la VAE, qui « régresse alors qu’elle permet justement de décloisonner la formation continue » tout en étant un « fantastique outil de mobilité sociale ».

Ce qui fonctionne aujourd’hui

Parmi les douze établissements sélectionnés, trois sont déjà des pilotes. L’université d’Angers expérimente ainsi le passage de ces formations en « blocs de compétences », l’une des principales dispositions de la loi sur la formation de mars 2014. « Nous travaillons avec le Syntec numérique à la création de toute une gamme de formations en formation initiale comme en formation continue », explique son président, Jean-Paul Saint-André. L’Association Toulouse Tech regroupe trois écoles d’ingénieurs de Midi Pyrénées (INP Toulouse, Insa Toulouse, ENI Tarbes) afin d’avoir une vision régionale. « Ce regroupement est une préfiguration de ce que préconise le rapport Germinet », se félicite Bertrand Raquet, directeur de l’Insa Toulouse. Même réflexion à Nice où la Comue Université de Côte d’Azur s’appuie sur la structure commune UnicePro, créée par l’université de Nice Sophia Antipolis, pour défendre son Idex et obtenir des financements d’entreprises.

Les chiffres clés

Sur un montant de 30 milliards d’euros représentant le volume d’activité lié à la formation continue le marché de la formation continue (chiffre DARES 2011) en représente treize. A l’intérieur, la part de l’enseignement supérieur représenterait seulement 400 M€, dont 90 M€ pour le seul Cnam. Les universités les plus actives en formation continue pèsent environ 10 M€ chacune (Strasbourg, Dauphine, etc.), quand les écoles de commerce les plus performantes enregistrent jusqu’à 20 M€. Aujourd’hui Thierry Mandon aimerait que 5% du chiffre d’affaires des universités provienne de la formation continue (« sans perdre d’argent ! »).

Olivier Rollot (@ORollot)

  • Les 12 membres du « Réseau d’établissements pilotes pour le développement de la formation continue dans l’enseignement supérieur » sont les université d’Angers, Bretagne Occidentale (UBO), Cergy-Pontoise, La Rochelle, Picardie Jules Verne, Strasbourg et UPEC – UPEM ; les Comue Paris Sciences et Lettres (associée à l’université Paris Dauphine), Sorbonne Universités, Université de Côte d’Azur et Université de Lyon ; l’Association Toulouse Tech (INP Toulouse, Insa Toulouse, ENI Tarbes). Leur est associé le Cnam.
  • Le développement de la formation continue dans les universités avait également donné lieu à un rapport de l’IGAENR publié en juillet 2014 et intitulé L’implication des universités dans la formation tout au long de la vie.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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