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Quand les campus se digitalisent

Le distanciel s’est imposé comme la solution à la propagation de l’épidémie de la Covid-19 dans l’enseignement supérieur. Zoom, Teams, Blackboard mais aussi des solutions dédiées comme à l’Essec sont devenues le quotidien des étudiants. Mais le numérique n’apporte pas uniquement au travail à distance : il irrigue dorénavant tout un enseignement dont les modalités pédagogiques sont en profonde mutation.  Autant de sujets que la edtech Wooclap et HEADway traitent dans le Livre blanc « Construire des campus apprenants : L’enseignement supérieur face au défi de la transition numérique ».

La pandémie accélère des transformations déjà bien engagées. Mars 2020 : le monde se confine et les universités passent en accéléré à l’enseignement à distance. « Il faut bien avoir conscience qu’en trois jours nous sommes passés du présentiel à un distanciel que je qualifierais de « low tech ». Avec les supports Google for Education, que nous utilisions déjà, nous sommes parvenus à dispenser les quelques semaines de cours pour terminer dans les meilleures conditions l’année universitaire », se remémore Hervé Penan, le directeur de la Toulouse School of Management (TSM), qui constate que « ces derniers mois nous ont conduit à accélérer notre transition digitale, notre cellule innovation pédagogique a été renforcée. Les projets de transformation digitale des enseignements ont été finalisés par des échanges intenses entre les ingénieurs pédagogiques, les techniciens multimédia et les professeurs des différentes disciplines ».

A TSM comme partout le mouvement de mutation de la pédagogie était bien engagé. De nouveaux lieux d’apprentissage naissent, les bibliothèques se vident de leurs livres pour devenir des learning centers, les salles de classe s’équipent de chaises mobiles qui font également office de bureaux pour permettre aux enseignants de transformer l’espace au gré des activités. Une transformation dictée par le digital absolument nécessaire comme le signifie Eric Hazan, directeur de McKinsey Digital en France, dans le livre blanc « Se former aux métiers de demain » : « Le problème c’est qu’une grande partie du système éducatif d’aujourd’hui est conçu pour répondre au marché du travail d’hier. Or, il est absolument nécessaire de le faire évoluer pour répondre à une économie dans laquelle 40% des tâches seront automatisées. Cette transformation des compétences a déjà été réussie à de nombreuses reprises par le passé à chaque révolution technologique. Mais elle requiert pour beaucoup d’individus de se former en un temps très court. La bonne nouvelle c’est qu’il nous reste encore dix ans pour gérer cette transition ».

L’avenir est au « phygital ». Si le confinement impose aujourd’hui un enseignement « purement digital » ce n’est certainement pas un modèle que défendent les établissements d’enseignement supérieur. Témoin l’analyse de Frank Bournois, le directeur général de ESCP : « Je ne crois pas au digital pur. La règle que nous nous sommes fixés c’est le « 20/40 » : au moins 20% d’enseignement numérique et au moins 40% d’enseignement présentiel dans chaque cursus. Ce qui laisse aux professeurs une marge d’appréciation tout en sachant que la partie présentielle ne peut en aucun cas descendre sous les 40%. C’est tout l’enjeu du « Phygital Management Education » que nous mettons en œuvre parce que l’enseignement purement digital c’est un peu la même chose que lire un « Guide du Routard » sans voyager ! »

Même réaction du côté d’Alexandre de Navailles, le directeur général de Kedge : « Nous avons vécu, nous vivons, une disruption accélérée avec, avant le confinement, des cours dispensés à 50% en distanciel. Nous ne serons jamais des « livreurs de MOOC ». Nous resterons profondément marqués par la pédagogie, le tutorat, l’accompagnement, le réseau, les alumni car c’est tout ce qui fait la force d’une école ». A TSM 25% des enseignements étaient prêts pour être délivrés à distance à la rentrée, avec un objectif à terme qui s’établit à 35%. Mais les réticences sont parfois encore fortes du côté des professeurs comme le concède Hervé Penan : « L’enseignement à distance modifie la relation pédagogique. Quand on prépare un cours à distance, on doit forcément le normer. On ne peut pas le modifier en fonction d’une actualité, on ne peut pas faire de digressions, on ne peut pas vraiment donc personnaliser son cours en continu. Cette évolution contribue à transformer l’enseignement supérieur à une industrie, et d’une certaine manière peut altérer la liberté de l’enseignement. Mais l’enseignement à distance a également tant d’atouts, richesse et variété des supports, nouvelles formes d’apprentissage, qu’il est aujourd’hui impossible de ne pas y recourir ».

Olivier Rollot (@ORollot)

HEADway organise et participe à deux webinaires sur l’évolution numérique des campus cette semaine  :

  • le 17 novembre 2020 à 12 h dans le cadre de ses webinaires Envision Education sur la thématique « Digital Learning et expérience étudiante : Comment aller au-delà de la recherche d’une continuité pédagogique pour envisager une expérience d’études profondément renouvelée ? ». Les intervenants seront Nicolas Glady (directeur de Télécom Paris) et Alain Goudey (directeur de la transformation digitale de Neoma BS).
  • le 18 novembre 2020 le woobinar Quelles stratégies à l’heure du numérique ? organisé par Wooclap réunit Nadia Jacoby (ancienne vice-présidente de l’université Paris1 Panthéon-Sorbonne en charge du numérique et « inspiratrice de transformation » au sein de l’agence Simone et les Robots), Benjamin Six (directeur de l’innovation et de l’expérience utilisateur de l’Essec), Fabien Maurin (Head of French Market chez Wooclap) et Olivier Rollot.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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