A quelques jours d’une annonce qu’on sait devoir été douloureuse pour les chambres de commerce et d’industrie – on parle d’une baisse de 37% de leurs ressources étalée sur trois ans en plus d’une ponction immédiate de 500 millions d’euros sur leurs fonds de roulement (lire ci-contre) – les écoles de management qui en dépendent (plus ou moins fortement) sont à l’aube d’un « big bang » économique qui va les pousser à mettre à plat leurs financements dans le cadre ou non du nouveau statut d’établissement d’enseignement supérieur consulaire (EESC) qui va leur être proposé. La même semaine, le Financial Times (lire plus bas) sacre les masters en management français – et singulièrement ceux d’écoles dépendant des CCI – comme les meilleurs au monde…
Diversifier les financements
Ce « big bang », les écoles dépendant des CCI l’attendent depuis maintenant plusieurs années. « J’ai toujours pensé que les problèmes de financement que rencontrent aujourd’hui les écoles de management consulaires allaient survenir un jour. La volonté de l’État de revoir le financement des chambres de commerce et d’industrie est inscrite dans l’histoire. Nous ne pouvons que nous féliciter de notre modèle et toutes les plus grandes écoles viennent aujourd’hui nous consulter pour le comprendre », explique Olivier Oger, le directeur général du groupe Edhec, une des rares écoles du « haut du panier » à ne pas être consulaire mais qui n’en tire pas moins une partie des ressources des finances publiques sous la forme de subventions.
Engagée aujourd’hui dans un plan d’économie, l’Edhec a su diversifier ses ressources ces dernières années en développant la recherche, les chaires d’entreprise ou encore la formation continue. Si cette dernière ressource apparaît à beaucoup comme une manne, elle n’en semble pas moins difficile à développer dans ces années de « vache maigre » pour les entreprises.
L’union fait la force
Alors que la fusion des ESC Amiens, Brest, Clermont-Ferrand et Tours-Poitiers dans FBS s’est révélée un échec cuisant, d’autres fusions ont eu de bons résultats. Comme l’explique Bruno Dufour, l’ancien directeur de l’EM Lyon, sur son blog « fusionner des institutions c’est un peu comme fusionner des abbayes appartenant à des ordres monastiques différents. Même si le projet final est en gros le même, les chemins pour y parvenir sont vécus comme différents, les règles monastiques différentes, et chaque moine est en soi un univers qui a son propre cheminement ».
Sans aller forcément vers la fusion, les occasions de travailler en commun pour réduire ses coûts tout en augmentant son efficacité sont nombreuses, qu’il s’agisse de recruter ensemble ses élèves de prépas (exemple : EM Strasbourg avec l’ESC Rennes et maintenant Montpellier business school, lire plus bas), d’ouvrir des locaux (exemple : EM Normandie et Grenoble EM à Paris), d’organiser des concours (Passerelle, Ecricome, etc.) ou encore de recruter ensemble des étudiants étrangers (Passworld pour les écoles Passerelle, IAE France pour les IAE).
Se rapprocher des universités et des ingénieurs
Il n’y a pas de modèle unique et plusieurs écoles de management sont très proches des universités (EM Strasbourg au sein de l’université de Strasbourg) ou des écoles d’ingénieurs (ICN dans Artem, Audencia avec Centrale Nantes, Télécom dans l’Institut Mines Télécom, etc.). Autant d’occasions de mutualiser certains programmes (comme le fait de plus en plus l’ICN, lire plus bas), de créer des MOOCs ou d’établir des passerelles entre les formations (Essec et Centrale Paris, X et HEC, etc.). Mais tout ne va pas forcément dans ce sens : beaucoup de Comue semblent plutôt être une régression par rapport aux PRES quand on parle de rapprochements grandes écoles/universités.
Un autre modèle ?
Les écoles de management privées à la fois non consulaires et non contractualisées avec l’État se gaussent parfois des problèmes financiers de leurs grandes sœurs au motif qu’elles, les « vraies » privées, parviennent à gagner de l’argent sans subventions. Oui mais aucune n’est accréditée Equis ou AACSB (l’Inseec ou l’ISC tentent d’obtenir cette dernière) et aucune n’est classée par le Financial Times. Leur modèle permet aux meilleures (cette semaine l’Idrac Lyon, lire plus bas) d’obtenir le grade de master en France mais pas encore d’entrer dans la compétition mondiale au plus haut niveau. C’est tout le risque que fait aujourd’hui porter le gouvernement sur les écoles de management en ponctionnant leur tutelle : détruire, ou pour le moins affaiblir, un système qui en a fait des leaders dans le monde.