EMPLOI / SOCIETE

Qui sont les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ? La réponse du Céreq

Des étudiants de Polytech Marseille

78% ont un bac, 47% sont diplômés de l’enseignement supérieur alors que les non-diplômés représentent 12% des sortants (plus de 90 000 jeunes !), le Céreq trace le portrait des 746 000 jeunes ayant quitté le système éducatif en 2017 dans l’édition finale de son Enquête Génération. Une génération très particulière en comparaison avec les jeunes de la cohorte précédente. Les jeunes de la Génération 2017 ont en effet abordé leur vie professionnelle dans un contexte économique favorable, marqué par la décroissance du chômage. Mais cette conjoncture favorable s’interrompt à l’arrivée de l’épidémie de la Covid-19 au milieu de la troisième année qui suit leur entrée dans la vie active.

Près de 60% de la Génération 2017 (environ 440 000 jeunes) ont poursuivi leurs études au-delà du baccalauréat ; parmi eux, 97 000 ont échoué. 53% des femmes détiennent un diplôme de l’enseignement supérieur à la fin de leurs études contre seulement 41% des hommes.

Le taux de diplomation parmi les sortants de l’enseignement supérieur reste stable en avoisinant les 80%.

Parmi les jeunes qui quittent l’enseignement supérieur sans y avoir obtenu de diplôme, la part des bacheliers professionnels est de 23 %, alors qu’ils représentent 12 % de l’ensemble des sortants du supérieur.

L’origine socioculturelle des jeunes influe bien sûr sur leur niveau d’études final. Ainsi, parmi les non-diplômés, 9% ont une mère cadre pour 47% des jeunes ayant atteint le niveau doctorat. Le lieu de résidence est aussi révélateur d’inégalités scolaires. Au moment de leur sortie du système éducatif, 9% des jeunes résidaient dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Cette proportion est deux fois plus élevée parmi les non- diplômés (21%).

Les écarts en matière de niveau de diplôme entre les jeunes issus de l’immigration et ceux dont les deux parents sont nés en France n’atteignent pas ceux observés selon l’origine sociale. Alors qu’ils forment 13% de la génération, s’ils sont surreprésentés parmi les non-diplômés (18%) et les bacheliers technologiques et professionnels, ils sont également présents aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie des diplômes, et notamment dans les écoles de commerce où ils représentent 16% des diplômés.

38% de ces jeunes ont séjourné à l’étranger pendant leurs études dans l’enseignement secondaire ou supérieur (hors vacances et activités de loisirs). Les non-diplômés et les diplômés d’un CAP-BEP ou autre diplôme de niveau 3 sont les moins concernés (18%), à l’inverse des diplômés d’écoles de commerce et d’ingénieurs (81%). Les diplômés de niveau bac+5 et les docteurs se distinguent car leur séjour est relativement long (3 mois ou plus pour 67% d’entre eux) et a plus souvent un motif d’études (56%) ou de stage (25%).

90 % des jeunes ont eu au moins une source de financement durant leurs études et plus de la moitié d’entre eux ont pu en obtenir au moins deux. La famille représente la première source d’aide financière déclarent 58% des jeunes qui, à 72 %, ont également eu recours à des financements complémentaires. Les aides sociales, telles que les bourses attribuées sur critères sociaux, constituent une source de financement pour 29% d’entre eux quand ils sont 27% à avoir occupé un emploi rémunéré. Parmi ces derniers, 52% ont eu un emploi régulier (13 % de la Génération) et sont majoritairement des diplômés du supérieur. 44 % considèrent que cette expérience de travail a perturbé leur cursus.

Les jeunes entrant sur le marché du travail après une formation par alternance représentent 24 % de la Génération 2017, dans le secondaire comme dans le supérieur (dont les trois quart en apprentissage). Avec un avantage certain vis-à-vis de l’emploi : en octobre 2020, 80% des jeunes formés en alternance occupent un emploi contre 69% des autres. Ils sont également mieux rémunérés (de l’ordre de 105€ de plus par mois) et encore plus parmi les diplômés d’un cycle long de l’enseignement supérieur : + 200 €.

Après trois années sur le marché du travail, le taux d’emploi des jeunes est de 71% et leur taux de chômage de 20%. En légère progression, 33% des premières embauches sont réalisées sous contrat à durée indéterminée ou sous statut de fonctionnaire alors que 24% sont à temps partiel.

À l’issue du premier confinement, les jeunes bénéficient du rebond économique de l’été 2020 et sont sensiblement moins souvent au chômage (-2 points) et davantage en EDI que leurs aînés de la Génération 2013 (71% contre 62%). La part d’emploi en EDI passe ainsi de 82% à 86% pour les diplômés de bac+5 et de 37% à 52% pour les non-diplômés.

Au cours des trois premières années qui ont suivi leur sortie du système éducatif,
90 % des jeunes de la Génération 2017 ont occupé au moins un emploi ; 76 % après seulement six mois.

Tous niveaux confondus, femmes et hommes ont sensiblement les mêmes types de trajectoires en début de vie active. Les deux accèdent plus ou moins rapidement à l’emploi à durée indéterminée (EDI) dans les mêmes proportions (45 %), tandis que 15 % des femmes et 18 % des hommes demeurent aux marges de l’emploi.

En revanche, on observe des écarts au sein de chaque grand niveau de diplôme. Parmi les non-diplômés, si 44% des jeunes hommes restent aux marges de l’emploi, c’est le cas de 51% de leurs homologues féminines. Parmi les diplômés de l’enseignement supérieur long, 73% des hommes ont des parcours marqués par l’EDI, pour 65% des femmes.

Selon leur région de formation, les jeunes connaissent des conditions d’insertion contrastées. Parmi ceux ayant terminé leurs études en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse ou dans les Hauts-de-France, un sur quatre est au chômage après trois ans de vie active. Dans les départements et régions d’Outre-mer, un jeune sur deux.

 

  • Quand l’école est finie. Premiers pas dans la vie active de la Génération 2017 , Céreq Enquêtes, n° 3, 2022, 106 p. Le Bayon Flavie (Coord.), Dabet Gaëlle (Coord.), Joseph Olivier (Coord.), Olaria Manon (Coord.).
  • L’enquête Génération 2017 sera désormais quadriennale et non plus triennale avec une première interrogation trois ans après la sortie du système éducatif puis à nouveau trois ans plus tard. Nouveauté également : les jeunes peuvent maintenant répondre seuls sur internet, par ordinateur ou smartphone, en plus du téléphone. Enfin, le champ de l’enquête a été légèrement modifié. Les contrats de professionnalisation sont ainsi considérés comme faisant partie de la formation initiale, au même titre que l’apprentissage ; les années de césure devenues fréquentes dans l’enseignement supérieur y sont également comprises ; les jeunes résidant à l’étranger au moment de l’enquête sont interrogés.

 

Previous ArticleNext Article
Avatar photo
Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Send this to a friend