ECOLES DE MANAGEMENT

« Rennes SB fait partie de la Super League des écoles de management françaises.»: entretien avec son directeur, Adilson Borges

Le nouveau directeur général et doyen de Rennes SB, Adilson Borges, vient de dévoiler un ambitieux plan stratégique 2024-2028. En 5 ans, Rennes SB vise ainsi à devenir une « école parmi les plus internationales, innovantes et impactantes, en capacité de former des « Unframed Leaders » : les leaders d’un monde en disruption, au service de l’impact positif .

Olivier Rollot : Vous venez de prendre la direction de Rennes SB. Parlez-nous un peu de vous. Vous avez un profil double : académique et entreprise, à la fois professeur de marketing et directeur Learning et Développement du groupe Carrefour.

Adilson Borges : J’ai toujours considéré que ma mission était de développer les talents, d’être un « agriculteur de talents » qui travaille pour que chaque être humain puisse réaliser son plein potentiel. Je suis issu d’une famille brésilienne modeste qui a toujours considéré l’éducation comme un vecteur majeur. Mon éducation a joué pour moi un véritable rôle d’ascenseur social.

Après mes études jusqu’en master à la Federal University of Rio Grande do Sul de Porto Alegre je suis venu en France en 1999 pour y réaliser ma thèse de doctorat à Rennes. Un peu après je suis entré à Neoma – Reims BS à l’époque – et j’y suis resté professeur de marketing jusqu’à novembre dernier avec, de 2013 à 2016, le poste de dean for faculty and research. C’est là que je me suis pour la première fois rapproché du monde de l’entreprise en créant une chaire en management avec le groupe Auchan. Depuis, je suis à la fois passionné par l’accompagnement des jeunes sur le marché du travail et par celui des entreprises dans la formation de leurs personnels et de leurs dirigeants.

O. R : En 2016 vous changez de vie en rejoignant le groupe Carrefour en tant que Chief Learning Officer.

A. B : Ma mission était de développer l’université d’entreprise, qui délivrait plus de 4,5 millions d’heures de formation chaque année! J’ai été également particulièrement impliqué dans le learning et le développement du top 300 de l’entreprise, sur des sujets tels que la transformation digitale, le leadership ou encore la sustainability. Avec d’autres entreprises nous avons d’ailleurs créé un club des universités d’entreprise. Elles jouent la même mission pour leur organisation que les écoles pour leurs étudiants. Qu’elles embauchent ensuite ! Et nous avons donc beaucoup de choses à faire ensemble.

O. R : Vous venez de prendre la direction de Rennes SB et vous présentez déjà un plan stratégique !

A. B : Officiellement je suis en poste depuis le 1er janvier mais j’ai quitté Carrefour fin novembre et eu du temps pour travailler avec les équipes de l’école à ce plan. Les étudiants sont au centre du projet que nous avons présenté. Il est fondé sur la volonté d’utiliser les technologies pour améliorer leurs processus d’apprentissage et de développer leurs compétences avec plus d’expériences étudiantes.

O. R : Votre plan stratégique est fondé sur l’idée « unframed thinking », de « sortir du cadre », déjà développée par Rennes SB. Comment allez-vous la rendre peut-être plus tangible ?

A. B : Rennes SB fait partie de la « Super League » des écoles de management françaises. Nous voulons aujourd’hui raconter une histoire différenciante en nous appuyant sur la notion d’« unframed » et sur notre institut d’études avancées 100% interdisciplinaire accélérateur de transitions, le Centre for Unframed Thinking (le CUT). Nous allons innover pour élargir le cadre et former des « Unframed Leaders » dans une école qui sera parmi les plus innovantes d’Europe dans les cinq ans.

Ces leaders auront trois compétences majeures, les « 3 C ».

Ils seront d’abord des leaders « créatifs », curieux, qui osent challenger le statu quo. Des leaders qui embrassent les enjeux de diversité et d’inclusion avec humilité pour nourrir encore leur ouverture d’esprit et leur capacité à innover.

Le deuxième « C » est celui de « connecter » : des leaders qui jouent collectif par l’altérité, l’intelligence culturelle, mais aussi par l’agilité en matière de communication, dans un monde où la technologie et l’IA générative prennent une place centrale. Des leaders qui ont conscience de la valeur du regard de l’autre dans un monde où les disruptions viennent de tous bords.

Enfin ils sauront « changer » : pour transformer l’essai, ces leaders devront savoir faciliter le changement. Psychologie, sociologie, management, et plus particulièrement développement organisationnel : ces disciplines font partie de la boîte à outils de l’accompagnement du changement.

Nous ne serons pas les meilleurs partout mais nous serons les meilleurs pour former des leaders unframed!

O. R : L’ADN de Rennes SB c’est d’être internationale. Elle le sera toujours ?

A. B : Quand on entend former des « Unframed Leaders » c’est un atout formidable de recevoir 40% d’internationaux parmi nos 5 500 étudiants et plus de 100 nationalités sur le campus . Rencontrer sur nos campus des étudiants d’Asie, d’Amérique Latine, d’Europe, d’Afrique, cela amène forcément à réfléchir différemment. Et cela crée de multiples connexions tout en rendant humble. Ces expériences forment beaucoup plus qu’un cours sur la multiculturalité !

Cet ADN se caractérise bien dans l’animal totem de Rennes SB qu’est le puma ailé. Originaire des Amériques, le puma est l’un des animaux les plus résilients qui soient, capable de s’adapter à toutes les situations au point de porter plusieurs noms. Il est ancré dans les racines internationales qui sont la force de la Bretagne avec des ailes qui montrent ce que nous voulons être demain. C’est-à-dire contribuer à construire un monde meilleur avec des leaders qui seront des acteurs impactants des changements.

O. R : Comment allez-vous les former pour en faire ces leaders ?

A. B : Nous travaillons sur trois grands axes. Le premier est celui de l’« Unframed Experience » pour apprendre à mieux apprendre. En 2028 ce seront 100% des enseignements qui seront nourris par les technologies digitales. Nous allons également expérimenter en partenariat avec un startup EdTech qui revisite les business cases en s’appuyant sur l’IA générative. A la rentrée 2025 nous lancerons la Pum’app, une application pour gérer sa vie étudiante. Enfin, la pédagogie par le réel (« Learning by doing ») verra augmenter le nombre de projets pédagogiques au service des entreprises et des ONG.

Tout cela pour déboucher sur une « Unframed Education » qui va nous permettre de proposer un portefeuille de programmes innovants, nourris par notre recherche interdisciplinaire, qui hybride connaissance académique et compétences en réponse aux attentes du marché de l’emploi. Avec Microsoft nous créons dès cette année une formation sur l’IA générative. Tous nos étudiants seront ainsi formés à l’AI générative, y compris au prompt engineering. Mais nous tenons également à ce qu’ils gardent un esprit critique vis-à-vis de l’IA et de son utilisation.

O. R : Quel est le troisième axe sur lequel vous allez vous appuyer ?

A. B : Toujours dans cette dimension « unframed », nous allons développer une « Unframed Community » avec l’objectif d’augmenter l’impact de l’école en créant un écosystème d’innovation où nos communautés, nos alumni en France et dans le monde, agissent les unes au service des autres.

Un exemple : l’écosystème de Rennes et de sa région est excellent sur les questions de cybersécurité. Avec le programme CyberSkills4All, que nous menons avec d’autres acteurs locaux majeurs, nous formons nos étudiants aux questions de cybersécurité. Ils peuvent ensuite former les entreprises locales qui le souhaitent dans une démarche de reverse mentoring.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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