ECOLES DE MANAGEMENT

« TBS Education est très engagée dans les facteurs environnementaux et sociaux »

TBS devient TBS Education et prend le statut de « société à mission » pour mieux répondre à ses engagements. Un nouveau plan stratégique, de nouveaux locaux, des droits de scolarité modulés selon les revenus des parents, beaucoup de nouveautés qu’évoque avec nous sa directrice générale, Stéphanie Lavigne.

Olivier Rollot : Au cœur du nouveau plan stratégique que vous allez mettre en œuvre d’ici 2026, il y a la notion du « bien-être pédagogique » de vos étudiants. Qu’entendez-vous par là ?

Stéphanie Lavigne : Depuis cinq ans, TBS Education s’intéresse de plus en plus à la recherche en pédagogie. Nos professeurs nous ont fait remonter l’envie générale des étudiants d’avoir un autre accès au savoir. Nous avons donc effectué plusieurs enquêtes auprès de ces derniers pour comprendre comment nous pouvions renouveler nos formats d’apprentissage. Nous avons ainsi pu constater que les meilleures évaluations que faisaient nos étudiants concernaient les cours totalement revisités. Nous avons ensuite cherché quel était le point commun de ces cours plébiscités : c’était la notion de « bien être pédagogique » qui émergeait.

Il faut aujourd’hui que nos contenus soient les plus adaptés possibles pour répondre aux besoins des entreprises. Nous sommes dans une optique d’évolution permanente pour que nos professeurs soient dans les meilleures conditions d’enseignement et d’expérimentations possibles. A nos étudiants, nous devons garantir que leur apprentissage soit effectif et mémorable et qu’il débouche sur des compétences vraiment maîtrisées.

O. R : Comment mettez-vous en œuvre ces innovations pédagogiques ?

S. L : L’innovation pédagogique passe aussi par le lieu d’enseignement – pas forcément une salle de cours – et nous avons monté notre petit laboratoire de pratiques pédagogiques au sein duquel nous échangeons avec toutes les parties prenantes.

Aujourd’hui, ce sont vingt personnes qui travaillent ces sujets pour TBS Education, dont trois ingénieurs pédagogiques. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui est responsable de la pédagogie, et non pas un professeur. Ces personnes accompagnent les professeurs pour qu’ils puissent à la fois avoir le temps de publier leurs recherches dans les revues et d’améliorer leurs pratiques pédagogiques.

Aujourd’hui, nos professeurs qui publient le plus sont aussi de grands innovateurs. La frontière entre ces deux métiers est dépassée et nous en sommes fiers chez TBS Education. Au sein de l’école, l’innovation vient de professeurs de tous les âges, de tous les styles, de toutes les disciplines, et tous sont aujourd’hui aguerris à l’utilisation des outils. Il faut même parfois freiner certains de leurs projets d’innovation car ils sont trop nombreux !

Parce que nous nous adressons aujourd’hui à des étudiants de plus en plus actifs dans la salle de cours, et parce qu’ils ne sont plus seulement là pour consommer l’enseignement de façon passive, nos professeurs demandent des formations pour progresser et mieux capter leur attention, notamment en s’inspirant des arts dramatiques. D’ici 5 ans, nous voulons que les étudiants qui choisissent de venir étudier à TBS Education ne viennent pas seulement pour la réputation ou les classements, mais aussi parce que l’école est reconnue comme une école inspirante, une école dans laquelle on suit un cursus de plusieurs années mémorables avec une vraie expérience de cours.

O. R : Quelle influence la pandémie de la Covid-19 a-t-elle eue sur vos innovations pédagogiques ?

S. L : La pandémie nous a conduit à accélérer notre dynamique vers l’innovation. Avant la crise, nous n’avions pas imaginé que le distanciel puisse fonctionner aussi bien… Mais nous constatons aussi que nos étudiants n’aiment pas passer leurs journées sur Zoom ou Teams. Nous prenons le temps de bien réfléchir à la proportion de distanciel nous allons mettre en place dans les années à venir. Nous ne voulons pas que les étudiants associent distanciel et Covid. Bientôt, les cours de TBS Education seront résolument en présentiel, mais en proposant un mix avec du distanciel.

O. R : Votre plan stratégique prévoit une hausse assez forte de vos effectifs : vous passeriez d’ici 2026 de 5500 à 7000 étudiants. Quels programmes allez-vous privilégier pour cela ?

S. L : Nous comptons principalement sur la montée en puissance de notre cursus bachelor. Il est aujourd’hui l’un des plus importants en France en termes d’effectifs et nous allons le développer plus particulièrement sur nos deux campus internationaux de Barcelone et Casablanca. Par le passé, nos campus à l’étranger recevaient nos étudiants pour diversifier leur cursus. Désormais, nous allons leur donner les moyens de se développer par eux-mêmes, avec une demande particulièrement forte au Maroc. En France, nous allons également créer deux nouvelles filières : e-santé et e-sport.

Nous souhaitons également faire grandir notre executive education. La crise Covid-19 a entrainé une forte demande en redéploiement de compétences et nous avons encore une marge de développement importante sur le volet formations sur-mesure. Nous nous sommes d’ailleurs professionnalisés dans le recrutement en executive education.

Quant au programme Grande école, il reste stable avec un nombre d’élèves issus de classes préparatoires qui se stabilise et nous voulons maintenir la qualité de notre recrutement.

O. R : TBS Education a choisi de prendre le statut de « société à mission ». Pourquoi choisir d’opter aujourd’hui pour ce statut ?

S. L : Nous l’avions déjà envisagé il y a un an et nous avions suspendu notre décision en raison de la crise sanitaire. Il y a maintenant 15 ans que TBS Education est très engagée dans les facteurs environnementaux et sociaux. À titre d’exemples, notre école possède le label DD&RS. Nos étudiants ont créé les Assises nationales étudiantes du développement durable (ANEDD) il y a plus de quinze ans. Cette année, 100% de nos étudiants ont été formés aux enjeux du dérèglement climatique en participant à la Fresque du climat. Nous leur délivrons des certificats d’excellence lorsqu’ils suivent des parcours en développement durable et Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous avons créé une Direction de la transition sociétale. Cette année, notre Bureau de l’humanitaire a été élue meilleure association étudiante française.

Aujourd’hui nous souhaitons aller plus loin en déclarant une mission que nous pouvons tenir. Cette mission doit nous permettre de nous structurer et de rationaliser nos décisions qui ont à trait la RSE comme le développement durable.

O. R : La recherche de TBS Education est-elle déjà centrée sur ces questions ?

S. L : Nous avons aujourd’hui la faculté la plus importante consacrée à ce sujet. Lorsque nous recrutons aujourd’hui un professeur, nous vérifions que ses recherches sont en résonnance avec notre projet.

Dans 5 ans, nous voulons que TBS Education soit aussi choisie par les apprenants parce qu’elle place l’impact au cœur de sa mission.

O. R : Vous êtes la première école post prépas à le faire. Dès la prochaine rentrée TBS Education va fixer le montant des frais de scolarité en fonction des revenus des familles. Comment cela va-t-il être organisé ?

S. L : Cela va concerner tous les étudiants en formation initiale en première année de programme Grande école et dans les deux premières années de bachelor. Pour fixer ces nouveaux frais nous avons adopté un système très simple avec cinq tranches de réduction allant de 5 à 50% des frais de scolarité. Nous comptons sur la progression de nos effectifs pour financer cette mesure. Aussi, il sera possible de suivre tout son cursus en alternance.

O. R : Vous venez de l’évoquer. L’apprentissage est-il aujourd’hui très pratiqué au sein de vos cursus ?

S. L : Oui, puisqu’il concerne aujourd’hui 60% des étudiants des deux dernières années du programme Grande école (PGE). Il nous permet d’accueillir de très bons candidats sans qu’ils rencontrent de limites financières. Avec Anne Rivière, la directrice du PGE, nous réfléchissons à des maquettes pédagogiques 100% en alternance, qui seront déployées dans les deux ans à venir. Nos étudiants nous disent que c’est un bon moyen de financer leurs études mais surtout qu’une formation en alternance maximise leur employabilité.

O. R : C’est un sujet épineux. Le « coût contrat » qui finance vos apprentis est-il suffisant pour couvrir vos coûts réels ?

S. L : La prise en charge est beaucoup plus faible qu’ailleurs. En résultat, les entreprises ne veulent pas toujours prendre le relais des OPCO (opérateur de compétences) en raison d’un « reste à charge » trop élevé.

O. R : L’actualité de TBS Education est également immobilière. Où en-est la construction de votre nouveau campus de Toulouse ?

S. L : Nous avons signé le projet de construction avec Toulouse Métropole. Nous avons pris quelques mois de retard après le report des élections municipales, en raison de la pandémie. En septembre 2025, nous emménagerons sur un tout nouveau campus. Mais nos projets immobiliers ne sont pas que toulousains.

Notre campus de Barcelone déménagera aussi, et cela dès janvier 2023, pour nous implanter dans un nouveau quartier dédié à l’innovation, tout près du port. Le 22# sera le district de l’innovation et de la créativité au sein duquel nous aurons notre école et nous allons créer une résidence étudiante de 700 lits. Cette nouvelle localisation géographique offrira beaucoup plus d’espaces pour les activités sportives ou les réceptions.

Nous allons aussi déménager notre campus de Casablanca afin de pouvoir poursuivre notre développement. Nous allons nous établir dans un tout nouveau quartier autour du district financier.

Enfin, à Paris, nous prévoyons de nous étendre dans de nouveaux locaux pour à la fois développer l’executive education et nos formations en apprentissage car beaucoup de nos étudiants sont employés dans la capitale.

En 2023, nous pourrions donc avoir trois nouveaux campus. Cela devrait contribuer à la redynamisation de l’image de l’école.

O. R : Parlons encore international. Comment avez-vous géré les difficultés de se déplacer pour vos étudiants pendant cette période de pandémie ?

S. L : Comme toutes les écoles, nous avons dû gérer les mécontentements de nos étudiants qui n’ont pu partir à l’international – sinon sur nos campus de Barcelone et Casablanca. Finalement, un nombre important de nos étudiants ont pu partir.

Nous avons développé des cours à distance avec de grandes universités. Si les étudiants étaient perplexes au départ, ils ont vite compris l’intérêt de suivre des cours d’une grande université américaine, même à distance. Certains étudiants considèrent même que c’est une solution qui permet d’économiser bien des coûts ou du temps de transport.

Même si nous travaillons aujourd’hui avec plusieurs universités partenaires qui ont les mêmes demandes, nous ne souhaitons pas faire une croix sur l’expérience internationale, qui reste l’une des principales attentes de nos étudiants. La question se pose également pour savoir si des accords de cours à distance avec des universités partenaires peuvent suffire pour valider le semestre à l’étranger obligatoire dans nos écoles… Les cours ne constituent qu’une partie de cette expérience.

O. R : Le distanciel n’est pas la solution pérenne pour les écoles mais il permet quasiment de tout faire. Même votre remise des diplômes !

S. L : Cette année, nous avons effectivement réalisé cette remise de diplômes via un format 100% vidéo en direct avec seulement les principaux responsables de l’école, quelques étudiants et un animateur sur le plateau. Le service communication a organisé la remise des diplômes virtuelle en faisant participer les étudiants pour enrichir le site web évènementiel avec leurs photos, leurs montages vidéos et leurs souvenirs. Nous sommes tout de même conscients qu’il manquait encore une dimension festive. Nous avons d’ailleurs promis à nos diplômés que nous nous retrouverions pour un événement festif au cours de l’année si le contexte sanitaire nous le permet.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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