ECOLE D’INGÉNIEURS

CDIO : la procédure compétences expliquée aux écoles d’ingénieurs

Fondée par le Massachussetts Institute of Technology (MIT) au début des années 2000 la démarche « Conceive Design Implement Operate » (CDIO) est aujourd’hui connue dans le monde entier quand il s’agit d’implémenter une démarche compétences dans l’ingénierie. En Europe c’est dans le Nord, en Suède, au Danemark mais aussi en Russie qu’elle s’est le plus vite répandue. En France elle ne concerne aujourd’hui en que deux école d’ingénieurs : le Cesi et l’IMT Atlantique. Mais beaucoup d’autres y réfléchissent et étaient présentes pour son congrès européen annuel mi-janvier à La Rochelle.

Démonstration par l’exemple au Cesi école d’ingénieurs

Le Cesi école d’ingénieurs c’est aujourd’hui 25 campus dans toute la France pour un cursus postbac en 5 ans composé d’une classe préparatoire suivie de quatre spécialités au choix (généraliste, bâtiment et travaux publics, informatique et systèmes électriques et électroniques embarqués). Le tout en apprentissage. Le tout dès la première année en mode « PBL » (« problem based learning » ou « apprentissage par problèmes ») développé avec l’Université du Québec à Montréal (UQAM) dans l’esprit du CDIO. « Chaque semaine, par groupes de quinze, nos étudiants sont confrontés à une situation réelle, qu’on peut trouver en entreprise, ou fictive. Ils ont deux jours pour identifier le problème et présenter leurs solutions en allant chercher les ressources conceptuelles nécessaires », explique le directeur général de l’école, Jean-Louis Allard.

Pour bien leur faire comprendre ce qui les attend les élèves qui viennent visiter l’école lors des journées portes ouvertes se voient confrontés à une mission en mode PBL. Cette année ils avaient à trouver une solution pour permettre à la navettes Enterprise de se défendre contre les Klingons (pour ceux qui ne connaissent pas c’est du pur « Star Trek »). Un problème qu’ils ne pouvaient résoudre qu’en se plongeant dans le langage binaire après avoir écarté le Morse. Bacs S, STI2D ou STL requis !

Dans cet exemple comme au bout de problèmes plus complexes qu’on leur pose, les étudiants du Cesi ont non seulement acquis les connaissances nécessaires pour résoudre le problème qui leur était posé mais aussi acquis des compétences – capacité à travailler en groupe, à rechercher de l’information, à poser des problèmes, à apprendre à apprendre – qui leur seront utiles toute leur vie. « On s’habitue vite et on apprend plus vite sans avoir de revenir sur ses notes », témoigne Sylvain, étudiant au Cesi La Rochelle, qui apprécie particulièrement que « tous les étudiants tournent dans les groupes pour y occuper tous les rôles ».

Convaincre

Le Cesi a adopté la démarche CDIO en 2016 quand il lui a fallu démontrer à la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) que l’ensemble de ses campus délivraient bien le même niveau de formation en appliquant une démarche calibrée. Alors que le Cesi est l’école qui va le plus loin avec sa pédagogie fondée sur le problème, de plus en plus d’écoles sont adeptes de la démarche. Mais si les étudiants sont vite conquis il en est souvent autrement de leurs professeurs. « Il n’est pas facile de convaincre les professeurs d’entrer dans la démarche compétences », se souvient Gabrielle Landrac, directrice de la formation de l’IMT (Institut Mines Télécom) et pionnière du processus dès 2004 dans son école de l’époque, Télécom Bretagne, « heureusement la CTI s’est emparée du sujet en rendant la démarche obligatoire 

Le Cesi a parfois rencontré les mêmes réticences de ses professeurs. « « C’est américain », « Pourquoi changer alors que j’enseigne comme cela depuis longtemps ? », « C’est aux étudiants de s’adapter » et, le pire, « Je le fais déjà », nous avons entendu bien des raisons de ne pas appliquer le CDIO », se souvient Morgan Saveuse, directeur des études de CESI École d’Ingénieurs. Aujourd’hui la démarche – « ludique pour entrer dans un référentiel scientifique qui pourrait être rébarbatif si on l’abordait autrement » – est entrée dans les mœurs. Mais attention : chaque jeudi il y a bien un examen pour valider l’acquisition des connaissances.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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