UNIVERSITES

Comment les Inspé pourraient former les futurs professeurs dès le bac

Les Inspé ont présenté leur dispositif à la presse avec ce projet de parcours

Mais comment recruter des professeurs ? Association loi 1901 le Réseau des Inspé comprend 32 Institut nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé) et ENSFEA (École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole). Ils comptent 53 700 étudiants inscrits en masters MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation). Un effectif qui était en forte baisse à la rentrée 2022 (-13,3%) où les effectifs de 1ère année diminuaient de 12,5% et ceux de 2nde année de 13,9% et qui continue à se restreindre à la rentrée 2023 avec encore des baisses respectives de 5% et 8%. Une baisse qui se concentre sur quelques grands Inspé et en particulier ceux de Versailles et Créteil dans un contexte de nouvelle réforme voulue par Emmanuel Macron et le ministre de l’Education, Gabriel Attal. « Nous sommes en réforme permanente depuis quinze ans » s’étonne le président du réseau et directeur de l’Inspé de Paris, Alain Frugière.

Demain une formation dès le bac ? Au vu du déficit de recrutement de professeurs il a été proposé d’abord par Pap N’Diaye de recruter au niveau licence puis, à la rentrée 2023, de rétablir les « écoles normales » avec un recrutement dès le bac en 2025.

Début septembre 2023 Emmanuel Macron a ainsi proposé de « réinventer les bonnes vieilles écoles normales » pour « changer complètement le système de recrutement des enseignants, c’est-à-dire de pouvoir le faire dès le postbac, pour donner de la visibilité à des bacheliers ».intéressés par le métier d’enseignant.

De nombreuses questions se posent depuis pour concevoir cette nouvelle voie qui pourrait se différencier pour la formation des professeurs du premier et du second degré. Ce qui fait bondi les syndicats comme les Inspé qui se verraient ainsi privés d’une grande partie de leurs effectifs. « Le réseau reprend l’idée d’une formation dès la sortie du bac pour l’ensemble des futurs professeurs, de premier comme de second degré. Nous recevons d’ailleurs déjà beaucoup d’élèves qui viennent nous voir dès la terminale pour envisage de devenir professeur », commente Pierre Chareyron, vice-président en charge de la formation et directeur de l’Inspé de l’académie de Lyon. Dans ce cadre il faudrait surtout négocier la place respective des contenus disciplinaires et des apports professionnalisants.

Le projet des Inspé. Le réseau des Inspé propose de créer un cursus en deux étapes : une licence « Enseignement et Education » (EE) puis un passage dans le master MEEF. Une licence particulière avec deux années (L2 et L3) en apprentissage et des étudiants financés pour des missions d’accompagnement des enseignants de huit heures par semaine (780€ par mois en L2 et 1000€ en L3 comme en M1 aujourd’hui) sur le modèle des assistants d’éducation (AED) actuels. Soit un coût qui dépasserait allégrement le milliard d’euros chaque année juste pour cette rétribution. Mais d’autres options sont envisagées par les Inspé comme par exemple un double accès en master sur le modèle des PASS et des L.AS (licences accès santé) en médecine.

Après la réussite à un concours qui serait placé en fin de licence les étudiants en master MEEF deviendraient contractuels alternants puis fonctionnaires stagiaires en prenant progressivement en charge des classes. « Ils ne bouchent pas des trous dans les recrutements » insiste Alain Frugière.

La notion d’écoles normales reste à préciser par le gouvernement pour aller au-delà du mythe qu’elles représentent. Dans la proposition du Réseau des Inspé il ne serait pas absolument nécessaire d’obtenir une licence EE pour passer le concours puis postuler en MEEF. Ni toujours d’obtenir un master MEEF même si le niveau master serait préservé. « La masterisation n’est pas remise en cause. Ce serait une terrible remise en cause par rapport à l’ensemble des pays de l’OCDE », prévient Elsa Lang-Ripert, vice-présidente en charge du pilotage des INSPÉ et directrice de l’Inspé de Bourgogne qui propose déjà un cursus complet postbac dans son Inspé.

 Le bilan du concours 2023. En 2023 ce sont 84% des postes ouverts dans le premier degré qui ont été pourvus contre 78,2% en 2022. Même essor dans le second degré avec un passage de 83,3% à 86,3%. Les mathématiques progressent même de 22 points et l’allemand de 14 points (seules les lettres classiques baissent significativement de 10 points). « Le master MEEF fonctionne et il faudra attendre la fin de l’année 2023-24 pour faire un premier bilan sur des étudiants qui auront suivi un cursus complet depuis le bac. Le souci est de comment les attirer », établit Pierre Chareyron.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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