ECOLE D’INGÉNIEURS

Frédéric Fotiadu : « Ma vision pour lnsa Lyon  »

Frédéric Fotiadu

Nommé rétroactivement au 1er novembre c’est le 13 novembre 2019 que Frédéric Fotiadu a fait sa rentrée comme directeur de l’Insa Lyon. Et déjà il s’est investi cette semaine, dans un communiqué commun avec Centrale Lyon, dans le dossier de l’Idex – le jury vient l’examiner le 28 novembre – et de la construction de l’université de Lyon dont son établissement s’est détaché cet été alors qu’il en était l’un des cinq membres fondateurs. Frédéric Fotiadu nous parle également de sa « vision » d’une école « encore pas assez connu » et de comment il veut en assurer le leadership.

Poursuivre la construction du site. C’est dit : « Les directeurs de Centrale Lyon, de l’INSA Lyon, de l’ENTPE et des Mines Saint Etienne, expriment leur volonté de contribuer solidairement à la construction de l’Université de Lyon du futur. Ils confirment ainsi leur soutien sans réserve au projet de création de l’Université cible porté par les trois universités :  Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Université Jean Monnet de Saint-Etienne, et par l’ENS Lyon ».

C’est explicité par Frédéric Fotiadu alors que, jusqu’ici , l’Insa était la seule école d’ingénieurs associée au nouveau projet université de Lyon et s’était un peu décollée des trois autres : « Nous avons ressenti la nécessité de réaffirmer notre volonté de travailler conjointement à la construction du site au-delà de l’université cible. Peut-être les événement de cet été – le document d’orientation stratégique préfigurant la future université cible a été retoqué par l’Insa début juillet – ont fait penser à une forme de retrait. Peut-être la position de l’Insa Lyon n’a pas été bien comprise avec à la fois une volonté de ne pas rejoindre le projet tout en soutenant l’Idex et le projet d’université. Le conseil d’administration n’a pas trouvé dans le projet commun les éléments attendus mais a la double volonté de travailler ensemble – ce qui n’était pas l’orientation perçue jusqu’à présent ».

Rasséréner les équipes. C’est au cœur de sa mission et de sa personnalité. Frédéric Fotiadu va maintenant s’employer à « rasséréner les équipes » après le départ d’Éric Maurincomme qui a provoqué une « forte incompréhension même si c’est avant tout pour dans raisons personnelles qu’Éric Maurincomme est parti » : « Cette situation de crise ouverte m’est apparu non seulement pas comme un élément dissuasif mais comme une opportunité de rebondir sur la politique de site – je comprends le choix du conseil d’administration – alors que ce qui a généré une situation conflictuelle. Il faut maintenant de la sérénité pour travailler avec tous les acteurs. »

Professeur d’université, ingénieur diplômé de l’ESCM (École supérieure de chimie de Marseille), Eric Fotiadu n’a « pas de prévention vis à vis ce qu’est une école d’ingénieurs ou une université » : « Mon expérience à la création de Centrale Marseille, avec l’extraction d’écoles universitaires pour construire une nouvelle école, prouve qu’on peut porter des projets ambitieux pour une école avec une dimension de recherche avec les deux structures ». Et d’insister : « Les écoles doivent pouvoir exister et se développer dans leur modèle spécifique qui n’est pas forcément la logique universitaire. Elles doivent aussi mieux se structurer dans des réseau nationaux. »

Mieux faire connaître ce qu’est l’Insa Lyon. Avec ses 120 millions d’euros de budget, ses 6 000 élèves, ses 1 000 doctorants et ses 1500 personnels l’Insa Lyon est un mastodonte au sein des école d’ingénieurs françaises. Très bien placée dans les classements mais pas forcément aussi bien connue qu’elle le mériterait pour son nouveau directeur : « L’Insa Lyon est la seule Grande école d’ingénieur française qui ait la taille d’une université de technologie de taille mondiale comparable à une TU allemande ou à l’EPFL il y a quelques années. Nous représentons 1,5 fois CentraleSupélec. Nous avons les moyens d’une université généraliste de 12 000 étudiants. Nous formons d’un postbac au doctorat. On ne mesure pas assez ce que représente l’Insa Lyon ».

De plus l’Insa Lyon reçoit des candidats de tous les profils dès le bac. Dont 44% de jeunes filles ce qui est unique en France pour une école d’ingénieurs non spécialisée dans la chimie ou l’agronomie. « Avec un seul site elle a une identité commune mais aussi déclinée retrouve sur tous les sites de l’Insa. D’ailleurs c’est le modèle qui se décline le plus en France et à l’étranger », insiste Frédéric Fotiadu qui souligne combien « Eric Maurincomme a fait un excellent travail et nous a inscrits dans une dynamique remarquable avec un niveau de recrutement en hausse constante ».

Si Insa Lyon est un peu moins renommée que ses grandes concurrentes c’est aussi parce qu’elle forme des ingénieurs technologues qui vont vers le terrain plutôt que des ingénieurs managers comme CentraleSupélec. « Le propos initial des Insa n’était pas de nous inscrire dans les institutions d’élite mais d’être ouvert à tous les profils en reconnaissant tous le. Et pourtant force est de constater que la qualité du modèle et du recrutement ont aujourd’hui progressé dans des proportions qui font que nous nous rapprochons tendanciellement et rapidement de l‘élite des Grande écoles françaises », constate le nouveau directeur. Pour lui l’enjeu est aujourd’hui de viser à être encore plus inclusifs – « et c’est mon projet comme celui de tout le groupe Insa » – tout en tirant le meilleur parti de l’offre de l’institution pour adresser tous les talents.

Pas de projet : une vision. Frédéric Fotiadu arrive dans une « positon modeste » vis à vis de l’institution : « Je n’ai pas de légitimité à proposer un projet a priori avec une connaissance trop superficielle. Je ne suis pas diplôme de l’Insa. Je n’ai jamais travaillé et je n’appartiens pas à son éco-système. J’arriv sans projet mais pas sans ambition. J’ai proposé des éléments de vision. Je vois ce qui était engagé et j’y adhère ».

Ce qui ne l’empêche pas de considérer qu’Insa Lyon s’était peut-être trop décalée des autres écoles et de l’université en « ne les considérant pas assez comme des partenaires ». : « Il y a une nécessité d’expliquer notre repositionnement avec les collectivités territoriales comme les organisations patronales. Je pense que la nouvelle politique de site sera moins chronophages qu’actuellement. J’y consacrera toute l’énergie nécessaire dans une perspective efficiente. Pas dévorante ! »

Frédéric Fotiadu entend maintenant inscrire son école dans un triple leadership :

  • de co-leadership avec les grandes écoles d’ingénieur du site mais pas dans le cadre d’un pôle commun : « Il ne s’agit pas pour moi de créer l’Institut polytechnique de Lyon comme l’IPP à Paris » ;
  • de chef de ligne historique des Insa qui doivent devenir l’un des acteurs majeurs français dans la formation des ingénieurs en tant que modèle fort de la construction des ingénieurs à la française comme les écoles Centrale ou l’IMT (Institut Mines Télécom) : « Il faut pousser à la création de quelques grands « champions » alors que la France est un leader en ingénierie dans le monde avec de grands acteurs mondiaux »;
  • leadership de valeur avec l’imprégnation des pères fondateurs de former des leaders issus de tous les milieux dans le cadre d’un accroissement des inégalités en France et dans le monde : « Les enjeux du monde en 2019 sont d’abord les 17 ODD de l’Onu avec un enjeu d’urgence qu’est le changement climatique. Avec la nécessité impérieuse d’adresser ces enjeux nous devons être moins modestes et porter l’école en leader en France et dans le monde. Cela sera peut-être la touche spécifique que je mettrai ».
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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