ECOLE D’INGÉNIEURS, UNIVERSITES

La Comue de Lyon a-t-elle un avenir ? Le Hcéres dubitatif…

Un bâtiment de l’université Lyon 3 Jean-Moulin

« Ses échecs successifs survenus au cours de ces 10 dernières années suscitent de profondes interrogations sur la capacité du site à se structurer, malgré une puissance scientifique de premier plan. » Non le Hcéres n’emploie pas la langue de bois dans son rapport d’évaluation de la comue Université de Lyon (Udl). C’est dire si la mission de l’ancien directeur de Centrale Lyon, Frank Debouck, qui vient juste de prendre sa présidence après un long intérim, s’avère périlleuse. D’autant que les universités Claude-Bernard Lyon 1 et Lumière Lyon 2, associées à l’école d’ingénieurs CPE Lyon, envisagent maintenant de créer un nouvel établissements public expérimental (EPE)…

Une situation de « grande fragilité »  « La perte du label Idex, concomitante avec les difficultés institutionnelles ayant conduit à une administration provisoire de la comue depuis février 2020 a placé l’établissement dans une situation de grande fragilité », arguent les experts du Hcéres avant de « constater un décalage entre les ambitions pour le site et le positionnement de la comue, qui s’est focalisée sur le volet structurel de la problématique de l’Idex et sur la gouvernance de l’université cible aux dépens de la stratégie académique de l’ensemble du site ».

Décidément pas bien optimiste, le comité « s’interroge dès lors sur la capacité de la comue et de ses membres à se remettre en cause, des signaux annonciateurs d’un échec probable du projet initial ayant été probablement sous-estimés. Cet aveuglement traduit un manque de vision stratégique globale, au-delà du projet circonscrit d’université cible. Ce projet d’université cible était le fer de lance de cette stratégie alors qu’il était insuffisamment fédérateur à l’échelle du site et qu’il sous-estimait la plus-value d’impliquer plus fortement certains membres associés ».

Il y a quand même du positif dans ce rapport. Le comité note en effet que la « plus-value indéniable apportée par le service immobilier de la Comue aux établissements du site constitue un acquis qu’il serait regrettable de ne pas valoriser dans les réflexions concernant l’évolution de la structure de la coordination territoriale ».

Les points forts :

  • l’expertise reconnue de la comue en matière d’ingénierie, de coordination et de gestion des projets et son activité intense de mise en réseau, appréciée des acteurs ;
  • la politique de signature unique ;
  • la mise en place d’actions plébiscitées par tous pour l’accueil des chercheurs et des étudiantsinternationaux ;
  • le doctorat de l’université de Lyon ;
  • l’ampleur et la qualité des actions menées par le centre d’entrepreneuriat ;
  • la reconnaissance de la comue comme interlocuteur unique des collectivités territoriales et desacteurs du monde socio-économiques ;
  • le rôle moteur de la comue dans l’émergence de projets de formation transversaux innovants (Cursus+,Disrupt’campus, Fabrique de l’innovation, par exemple) et le portage des projets d’ampleur financéspar le PIA ;
  • la maîtrise du modèle d’organisation des services et des fonctions support.

Les points faibles :

  • l’absence de vision partagée sur les valeurs et les objectifs de la comue, et le degré d’appropriationtrop faible de son projet par les directions d’établissement ;
  • un mode de gouvernance qui traduit un manque de confiance et nuit à la cohérence interne et àl’efficacité de la comue ;
  • l’absence de feuille de route politique pour les collèges académiques et le déficit de gouvernancedans leur animation ;
  • un déficit d’information et de communication interne sur les réussites, les difficultés et l’avenir de lacomue ;
  • le caractère embryonnaire de la politique qualité ;
  • un modèle économique inadapté dans un contexte d’équilibre financier précaire, qui pose desquestions à court terme ;
  • l’absence de sentiment d’appartenance à la comue chez les étudiants par manque d’interactiondirecte avec eux ;
  • une harmonisation insuffisante des procédures et des modes d’organisation à l’échelle du site.

Les recommandations :

  • capitaliser sur l’expertise de l’Udl en ingénierie de projet pour porter des programmes transversaux etdynamiser une politique volontariste d’échange des sujets d’intérêt commun à l’échelle du site,indépendamment des regroupements concernés par les nouveaux projets ;
  • communiquer plus clairement et plus directement sur les actions de la comue afin de développer unsentiment d’appartenance à l’Udl et de renforcer son image de marque, en cohérence avec un projetcommun stabilisé et durable ;
  • poursuivre les activités de formation et d’accompagnement des doctorants à l’échelle du site ;
  • valoriser les capacités d’expertise et d’ingénierie de projets dans les fonctions support afin d’éviter laperte des compétences ;
  • redéfinir avec les établissements membres un modèle économique robuste, mais aussi modulaire etdévelopper des outils d’aide à la décision et au pilotage pluriannuel, à adapter à l’évolution ducontexte créé par l’arrêt de l’idex, en priorité dans le domaine de la gestion financière et des emplois ;
  • renforcer les services mutualisés permettant de soutenir les établissements et d’harmoniser l’offre deservice pour la vie étudiante.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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