ECOLES DE MANAGEMENT, NOUVELLES TECHNOLOGIES

Les écoles de management se réinventent entre distanciel et présentiel

Le distanciel s’est imposé comme la solution à la propagation de l’épidémie de la Covid-19 dans l’enseignement supérieur. Zoom, Teams, Blackboard mais aussi des solutions dédiées comme à l’Essec sont devenues le quotidien des étudiants. « Dès la fin du premier confinement, nous avons réfléchi à la mise au point d’une pédagogie hybride permettant de réaliser en même temps les cours en face à face avec 50% des étudiants et les cours en distanciel avec les autres étudiants. Nous avons alors rapidement investi (un million d’euros !) dans du matériel permettant de réaliser cela. Nous pouvons donc dorénavant basculer facilement d’un mode à l’autre », explique Patrice Houdayer, le vice-dean de Skema.

Si le confinement impose aujourd’hui un enseignement « purement digital » ce n’est certainement pas un modèle que défendent les établissements d’enseignement supérieur. Témoin l’analyse de Frank Bournois, le directeur général de ESCP : « Je ne crois pas au digital pur. La règle que nous nous sommes fixés c’est le « 20/40 » : au moins 20% d’enseignement numérique et au moins 40% d’enseignement présentiel dans chaque cursus. Ce qui laisse aux professeurs une marge d’appréciation tout en sachant que la partie présentielle ne peut en aucun cas descendre sous les 40%. C’est tout l’enjeu du « Phygital Management Education » que nous mettons en œuvre parce que l’enseignement purement digital c’est un peu la même chose que lire un « Guide du Routard » sans voyager ! »

Aujourd’hui des solutions de plus en plus élaborées voient le jour pour assurer un enseignement hybride, mi distanciel, mi présentiel, de plus en plus performant. Trois exemples.

32 « Hyflex rooms » pour Grenoble EM. En cours de déploiement sur ses campus français, les « Hyflex rooms » de GEM permettent de dispenser un cours à des publics à distance et en présentiel en simultané. En janvier 2021, GEM en comptera 32 (20 sur son campus de Grenoble Sémard, 5 à GEM Labs et 7 à GEM Paris) pour un investissement total de 1,2 million d’euros. Chacune des salles permet d’accueillir jusqu’à 40 places assises (plus deux salles de 120 places) et peut accepter jusqu’à 300 connexions simultanées soit une capacité totale théorique de plus de 10 000 places. « Les Hyflex rooms de GEM ont été conçues avec une approche pédagogique et non dans le cadre d’une démarche purement technologique, explique Armelle Godener, directrice de la pédagogie à Grenoble Ecole de Management. Au-delà d’améliorer les conditions de cours à distance, cette solution doit permettre à tous les publics présents et à distance de faire partie du même espace et de le ressentir. »

Un professeur en salle Hyflex peut dispenser son cours de manière « classique » en projetant un support de cours et en utilisant le tableau blanc. Il peut aussi utiliser les fonctionnalités plus avancées du tableau tactile interactif. Les étudiants avec lui dans la salle aussi bien que les étudiants à distance peuvent tout voir, tout entendre et interagir de la même façon entre eux et avec le professeur. Tous peuvent partager leurs propositions à l’oral avec le reste de la classe.

Les « Hyflex rooms » de GEM permettent de dispenser un cours à des publics à distance et en présentiel en simultané

Le campus numérique de NEOMA. NEOMA a ouvert un quatrième campus, 100% numérique, développé en partenariat avec l’association Laval Virtual, experte des technologies immersives VR/AR. Ce nouveau campus numérique est conçu comme un environnement complémentaire aux espaces d’apprentissages existants. Les étudiants, via un avatar qu’ils personnalisent, évoluent dans ce nouvel espace comme s’ils étaient dans un véritable campus. Une fois connectés, ils accèdent au bâtiment virtuel pour suivre un cours, rejoindre un groupe de travail ou assister à une conférence. De son côté, le professeur accède aux outils de présentation pour afficher son cours et interagir avec tout ou partie de la classe. « Cette technologie immersive préfigure un nouveau mode de collaboration possible car tout y est réalisable comme dans la vraie vie, mais à distance », analyse Alain Goudey, directeur de la transformation digitale de NEOMA, qui indique : « On peut ouvrir une porte, lever la main, s’asseoir, applaudir et même jouer au foot sur un terrain de sport ! Autant de fonctionnalités fondées sur des gestes physiques du quotidien qui rendent l’expérience naturelle et agréable ».

En plus des programmes, l’écosystème de services de l’école, comme le Talent & Carrière, le Wellness Center, la bibliothèque et les incubateurs y sont aussi accessibles. Accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ce nouveau campus numérique accueille aussi des séminaires et des réunions. Il pourra également servir d’espace de travail collaboratif pour faciliter les échanges entre les membres de la communauté de NEOMA : étudiants, professeurs et collaborateurs.

Un campus virtuel qui a tout d’un réel : c’est le paru du campus numérique de NEOMA

Le 5ème campus de L’ESSEC. Fruit de 2 ans de réflexion et d’un investissement de 6 millions d’euros ce cinquième Campus a pour objectif de « proposer l’expérience ESSEC partout dans le monde et à n’importe quel moment ». Ainsi, le monde digital propose aussi bien les aspects de l’expérience académique (accompagnement personnalisé, apprentissage en mode projet, etc.) que les aspects de l’expérience extra-académique (interactions entre pairs, avec les professeurs, rituels, etc.).

Pour ce faire, la plateforme numérique propose des outils digitaux variés pour suivre les cours (vidéos, podcasts, script) et pour favoriser les interactions entre les participants et les professeurs (outil de chat Slack, webinars, visio-conférences, etc.). La création d’un lien entre les apprenants est la clé du projet : pour valoriser, inciter les échanges et l’engagement, un système de gamification a été mis en place en utilisant le logiciel Briq. Les participants reçoivent chaque jour des briqs qu’ils peuvent se donner entre pairs pour se remercier, se féliciter et peuvent in fine échanger leurs gains contre des lots.

Cette volonté de l’Essec en est une excellente illustration : l’enseignement à distance se doit d’être différent. Interactif. Ludique. Animé… Loin de la reconduction de l’identique des cours. C’est le défi que doivent maintenant relever les acteurs de l’enseignement supérieur.

C’est sur sa plateforme Deck dédiée à l’enseignement à distance que le directeur général de l’Essec, Vincenzo Esposito Vinzi, a présenté la nouvelle stratégie de l’Essec

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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