ORIENTATION / CONCOURS

Les paradoxes de Parcoursup

En premiĂšre annĂ©e de licence et PACES, l’UniversitĂ© de Caen Normandie offrait 7 552 places pour finalement 5 836 nouveaux inscrits en premiĂšre annĂ©e. Il lui reste donc environ 1 700 places disponibles dans 40 formations couvrant toutes les disciplines d’enseignement alors que 99,8% des nĂ©o-bacheliers candidats ont obtenu une place. Seulement trois formations n’ont pu appeler tous les postulants de l’acadĂ©mie : Sciences pour la santĂ©, Sciences de l’éducation, Sciences et techniques des activitĂ©s physiques et sportives (STAPS). Des exemples comme celui-lĂ  sont lĂ©gion et 127 000 places vacantes Ă  l’issue de la fin de la premiĂšre pĂ©riode de Parcoursup pour 3187 Ă©tudiants sans affectation. Et beaucoup de ces places livres se trouvent dans des formations trĂšs demandĂ©es : il reste ainsi 6000 en classes prĂ©paratoires, 21 000 en BTS, 6500 en droit et prĂšs de 6800 en PACES. La procĂ©dure complĂ©mentaire se poursuivant encore jusqu’au 21 septembre, un bilan complet ne pourra donc ĂȘtre tirĂ© qu’à la fin du mois de septembre. Mais dĂ©jĂ  des pistes sont ouvertes et les dĂ©bats vifs pour savoir ce que sera la v.2 de Parcoursup


Des taux de remplissage exagĂ©rĂ©s. Si des filiĂšres trĂšs demandĂ©es ne font finalement pas le plein c’est que beaucoup de candidats ont Ă©tĂ© dĂ©couragĂ©s de voir affichĂ©s des taux de remplissage de 100% alors qu’en fait ces 100% agrĂ©geaient « oui » dĂ©finitifs et « oui avec autre(s) vƓu(x) en attente ». C’est une faille du systĂšme qui doit absolument ĂȘtre rĂ©parĂ©e. De plus si la trĂšs grande majoritĂ© de ceux qui quittaient Parcoursup ont bien prĂ©venu de leur choix bien d’autres (20, 30% ?) n’ont pas jouĂ© le jeu et bloquĂ© ainsi des places jusqu’à la rentrĂ©e. Mais comment les obliger Ă  le faire ?

Une procĂ©dure trop longue. D’un cĂŽtĂ© des Ă©tudiants qui stressent tout l’étĂ© de peur de ne pas trouver une affectation, de l’autre des Ă©tablissements qui en font autant de peur de ne pas remplir leurs formations. L’étĂ© 2018 aura Ă©tĂ© un long jeu de chaises musicales inversĂ© – les restants sur le siĂšge Ă©tant toujours déçus – pour trouver une affectation. Rien qu’au mois d’aoĂ»t, 25 000 places ont ainsi Ă©tĂ© proposĂ©es Ă  de nouveaux candidats parce que d’autres avaient changĂ© de projet. Devant le comitĂ© de suivi de la loi « Orientation et rĂ©ussite des Ă©tudiants » FrĂ©dĂ©rique Vidal rappelait que les Ă©tudiants « peuvent changer d’avis tout au long de la procĂ©dure » tout en disant avoir « beaucoup Ă©changĂ© avec les Ă©quipes des universitĂ©s et des lycĂ©es et j’entends leur besoin d’avoir une plus grande visibilitĂ© sur leurs classes et leurs groupes de TD en amont de la rentrĂ©e ». Et d’admettre : « Nous devrons donc faire bouger les lignes sur ce point ».

HiĂ©rarchiser ? Non merci ! Aller plus vite oui, hiĂ©rarchiser non. Si FrĂ©dĂ©rique Vidal n’a pas rĂ©affirmĂ© sa position devant le comitĂ© de suivi de la loi « Orientation et rĂ©ussite des Ă©tudiants » elle a Ă©tĂ© trĂšs ferme Ă  ce sujet tout l’étĂ©. Mais comment achever l’essentiel du processus fin juillet – ce que voudraient la plupart des Ă©tablissements – sans cette hiĂ©rarchisation ? Un casse-tĂȘte auquel il faudra bien rĂ©pondre. D’aucuns prĂ©conisent le retour Ă  un classement des vƓux dĂšs le deuxiĂšme choix, d’autres une hiĂ©rarchisation soft (seulement trois vƓux prĂ©fĂ©rentiels pas classĂ©s sur les dix). Dans un entretien Ă  EducPros, Laurent Champaney, directeur gĂ©nĂ©ral des Arts et MĂ©tiers ParisTech et prĂ©sident de la commission Amont de la ConfĂ©rence des grandes Ă©coles explique que la CGE va « demander Ă  maintenir une premiĂšre phase de vƓux sans hiĂ©rarchisation au cours de laquelle nous pourrons rĂ©pondre aux candidats » tout en souhaitant « ajouter, pour toutes les formations, le rang du dernier admis l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, afin de donner au candidat une idĂ©e de ses chances d’admission ».

Quid des « oui si » ? La question n’a pas encore Ă©tĂ© tellement Ă©voquĂ©e alors que la procĂ©dure dite des « oui si » – et les pĂ©riodes de remĂ©diation qui l’accompagnent – sont pourtant au cƓur de la rĂ©forme. LĂ  aussi, un premier bilan va ĂȘtre effectuĂ© pour comprendre pourquoi certains Ă©tudiants acceptent et d’autres non et identifier la bonne maniĂšre de rendre les « Oui si » aussi attractifs que possible.

DĂšs fin septembre. A toutes ces questions FrĂ©dĂ©rique Vidal rĂ©pond vouloir maintenant « regarder dans quels dĂ©lais les candidats ont rĂ©pondu, Ă  quel moment les diffĂ©rents types de formation ont atteint leurs capacitĂ©s d’accueil » et « identifier les ajustements nĂ©cessaires d’ici la fin du mois ». Un peu comme l’annĂ©e derniĂšre il s’agit de faire trĂšs vite. Trop vite ?

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Olivier Rollot est directeur du pĂŽle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rĂ©dacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel PrĂ©pas" (webzine mensuel) et de "Espace PrĂ©pas". Ancien directeur de la rĂ©daction de l’Etudiant, ancien rĂ©dacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est Ă©galement l'un des experts français de la GĂ©nĂ©ration Y Ă  laquelle il a consacrĂ© un livre : "La GĂ©nĂ©ration Y" (PUF, 2012).

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