ECOLE D’INGÉNIEURS

« L’Estia est fondée sur un positionnement international très fort »: Patxi Elissalde, directeur de l’Estia

Internationale l’Estia, école d’ingénieurs située en Nouvelle Aquitaine, à Bidard, l’est par nature : créée sous l’égide de sa CCI avec le concours de plusieurs universités européennes, elle est l’’unique école d’ingénieurs française à proposer à la quasi-totalité de ses étudiants d’obtenir un double diplôme avec elles. A proximité de l’Espagne elle a su nouer des relations privilégiées avec le Pays Basque. Son directeur, Patxi Elissalde, nous présente une école à la forte personnalité.

Olivier Rollot : Quand vous rencontrez un futur étudiant que lui dites-vous pour le convaincre de postuler à l’Estia ?

Patxi Elissalde : D’abord que l’Estia délivre des formations qui correspondent aux besoins de la société, des professionnels et des industriels. Ensuite que l’Estia est une école d’ingénieurs pluridisciplinaire qui forme des étudiants qui y acquièrent une vision systémique. Une école généraliste qui permet aux élèves issus de classes préparatoires d’y affiner leur projet et d’intégrer ensuite un grand groupe, une ETI comme une PME, dans l’aéronautique comme dans beaucoup d’autres domaines. J’ajoute que le projet de l’Estia est fondée sur un positionnement international très fort avec la possibilité pour tous les étudiants d’avoir accès à une double diplomation dans des universités partenaires.

O. R : L’Estia est DONC très proche des entreprises ?

P. E : L’ancrage dans le monde économique est très marqué à l’Estia, que ce soit avec également un accompagnement des entrepreneurs et la sensibilisation de tous les étudiants avec notre incubateur ou avec de nombreux travaux pédagogiques fondés sur les contrats collaboratifs dans l’industrie. Nous possédons également des équipements de pointe dans la recherche appliquée, que ce soit dans les matériaux composites, la robotique, les systèmes embarqués ou encore le smart grid (réseaux d’énergie intelligents). Tout un écosystème au sein d’une métropole très active qui crée une ambiance collaborative entre les étudiants et les entreprises.

O. R : Quels types d’élèves recrutez-vous ?

P. E : Dans le cursus ingénieurs les deux tiers viennent de l’ensemble des classes préparatoires scientifiques par le biais des concours e3a – banque PT et un tiers sont admis sur titre, le plus souvent après un DUT ou une licence. Nous proposons également une classe préparatoire intégrée CPBx avec Bordeaux INP. En tout nous recrutons jusqu’à 260 étudiants en France chaque année plus des étudiants internationaux. En bachelor nous recrutons aussi bien des élèves titulaires d’un bac S que d’un bac STI2D.

O. R : Le bachelor de l’Estia mène-t-il directement à l’emploi ou plutôt à une poursuite d’études ?

P. E : Nous avons demandé l’accréditation au grade de licence. Quand ce sera le cas, ce sera sûrement plus facile pour ses titulaires d’envisager une insertion professionnelle directement après leur diplôme. Aujourd’hui, ce n’est pas sa vocation première alors que ce bachelor a bien été créé pour former des assistants d’ingénieur.

O. R : Vous évoquiez les très nombreux diplômes que propose l’Estia. Comment cela fonctionne-t-il ?

P. E : Nous avons développé de nombreux accords en France – avec l’université de Côté d’Azur, l’université de Paris Descartes ou encore l’IAE Pau-Bayonne – mais encore plus à l’international puisque 84% de nos étudiants y obtiennent leur double diplôme. Avec un système original qui leur permet de ne pas passer une année de plus en cours puisqu’ils enchainent les enseignements de leur dernière année avec douze semaines de cours et finissent donc en octobre.

O. R : On revient là aux origines mêmes du projet de l’Estia.

P. E : L’Estia est née d’une collaboration entre les universités de Bordeaux, du Pays-Basque à Bilbao et de Cranfield en Angleterre. En 1996 nous avons créé le diplôme d’ingénieur Estia en proposant des enseignements propres et d’autres issus des trois universités partenaires. Aujourd’hui nous signons de nombreux contrats avec des entreprises du pays Basque dont nous bénéficions du bassin d’emploi et d’une double culture franco-espagnole.

O. R : Pourquoi développez-vous tout particulièrement l’entreprenariat chez vos étudiants ?

P. E : Sensibiliser les jeunes au développement territorial a un vrai impact en matière de développement. Beaucoup de jeunes entreprises ont été créées ici grâce à la mise à disposition d’infrastructures et d’un accompagnement. Deux tiers des entreprises qui sont présentes aujourd’hui autour de l’Estia le sont grâce à une collaboration avec l’école, même si ce ne sont pas forcément des alumni qui les ont créées.

O. R : Un tout autre sujet : économiquement comment se porte l’Estia ?

P. E : Nous sommes aujourd’hui l’une des six écoles d’ingénieur consulaires (dépendant d’une chambre de commerce et d’industrie) qui existent encore en France. Depuis 2017 nous sommes un EESC (établissement d’enseignement supérieur consulaire) dont les actionnaires sont essentiellement des CCI. C’est pour nous un apport financier non négligeable pour consolider notre ancrage régional. D’autres actionnaires seraient les bienvenues mais ils doivent avoir conscience qu’ils ne seront pas rétribués par des dividendes, puisque le statut EESC l’interdit et que nous sommes à but non lucratif.

O. R : Quels développements imaginez-vous pour l’avenir ?

P. E : Nous recevons aujourd’hui 900 étudiants et comptons passer à 1000 dès 2021 pour un budget de 15 millions d’euros. Nous disposons pour cela d’un nouveau bâtiment. Notre expansion passera plutôt par le développement du bachelor, la création d’un nouveau bachelor en design en ingénierie, une classe préparatoire intégrée et de nouveaux masters et mastères spécialisés comme celui que nous venons de créer en Procédés du futur et robotisation avec Sigma Clermont.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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