UNIVERSITES

Paris-Dauphine publie « L’état des entreprises » : retour sur son modèle

Paris-Dauphine fait partie de cette catégorie d’universités d’excellence qu’on appelle «research universities » (« universités de recherche »). Elle en fait chaque année la démonstration en publiant L’état des entreprises (éditions de La Découverte), un ouvrage d’un peu plus de 100 pages dans lequel son laboratoire « Dauphine Recherches en Management » (DRM) fait le point sur ses recherches portant sur le monde de l’entreprise. « Nous nous adressons à un public plus large que la sphère universitaire pour expliquer à quoi sert la recherche en management. Quand on dit qu’on est chercheur de gestion on vous colle souvent une étiquette de « technicien » alors que nous traitons des questions beaucoup plus larges, bien au-delà de la seule efficacité économique », explique Véronique Perret, l’une des deux chercheuses qui ont édité « L’état des entreprises » cette année.

L’un des plus importants centres français

La plupart des contributions à « L’état des entreprises » (par exemple cette année « Sécurité des systèmes d’information : de la criminologie à l’innovation managériale » ou « Le soulèvement des machines : que penser du trading haute fréquence ») sont rédigées par les chercheurs de DRM, l’un des plus importants centres français en recherche de gestion. « Avec nos 80 chercheurs et nos 120 doctorants nous sommes le « porte-avions » de la recherche en gestion », explique son directeur, Nicolas Berland.

Mais qu’est-ce que la recherche en management ?

« Nous avons le sentiment de ne pas être forcément considérés comme une science alors que le management est au carrefour des sciences sociales. Notre discipline dialogue avec l’économie, utilise la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, l’histoire, etc. », définit Véronique Perret quand Nicolas Berland rappelle que si « elle est trop appliquée la recherche en management n’est plus de la recherche » : « Les entreprises veulent un retour rapide quand le temps de la recherche est long. Notre rôle c’est de faire prendre aux entreprises de la hauteur, de ne pas leur donner des solutions toutes faites ». Et le vice-président en charge du conseil scientifique de l’université, Bruno Bouchard, de confier : « Notre rôle c’est aussi de protéger les doctorants quand les entreprises leur en demandent trop dans le cadre d’un contrat Cifre par exemple ».

Qu’est-ce qu’une « research university »?

En tout Paris-Dauphine compte six équipes de recherche (en gestion, économie, sociologie et science politique, droit, ou encore mathématiques et informatique) qui dégagent 4M€ de contrats de recherche sur un budget total de l’université de 115 M€.

Essentiellement renommée en France en économie-gestion, elle occupe également une excellente 28ème place mondiale en mathématiques dans le Classement de Shanghai« Etre une université de recherche c’est mettre la recherche tout en haut dans les critères d’arbitrage. Pourquoi recrutons-nous un enseignant-chercheur ? D’abord pour alimenter la recherche. C’est l’ADN de Dauphine et c’est qui définit un « dauphinois » », confie Nicolas Berland, qui se souvient : « Nous avons travaillé quatre ans avec Rhodia sur la « pilotage efficient du budget », nous avons rencontré des dizaines de responsables et abouti à des conclusions qui nous ont ensuite permis, le responsable du projet chez Rhodia et moi-même, de donner des cours ensemble ».

« Nos programmes sont organisés autour de notre vivier d’enseignants-chercheurs avec toujours au moins 50% des cours dispensés par eux dans chacun de nos programmes auxquels participent également des professionnels venus des entreprises », confirme Bruno Bouchard, qui veut maintenant que ses six laboratoires montent de plus en plus des projets communs : « Quand on utilise les Big Data les juristes et les gestionnaires travaillent avec les informaticiens pour tester des algorithmes. Nous avons créé une « House of Finance » pour regrouper toutes les compétences en finance et allons en lancer une autre en « Public Affairs » ».

L’état des entreprises 2017 (Dauphine Recherche en Management, éditions de La Découverte, 10€) : pour cette neuvième année, DRM propose dans ce « Repères » un regard pluriel sur le monde des entreprises en mettant l’accent sur les enjeux d’actualité. L’ouvrage s’achève par une chronologie des événements récents et un résumé des thèses en management soutenues en 2016 au sein de DRM. L’ensemble fournit une synthèse actualisée de l’état des entreprises.

Une compétition internationale : Paris-Dauphine est confronté à un marché international des enseignants-chercheurs en management dans lequel ces derniers ont à arbitrer entre venir à Paris-Dauphine ou lui préférer une business school française ou étrangère. « Nos 24 chaires de recherche nous permettent d’attribuer des moyens supplémentaires à nos enseignants-chercheurs auxquels et nous accordons également des budgets de recherche dédiés en fonction de leurs publications. Les jeunes bénéficient de décharges de service et des compléments de salaire après publications », confie Bruno Bouchard. Egalement grâce à la Comue PSL, dont elle est membre, Paris-Dauphine peut proposer des salaires compétitifs à de jeunes professeurs. De plus ses professeurs peuvent réaliser des heures supplémentaires en formation continue qui complètent leur salaire tout en renforçant leurs liens avec les entreprises.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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