UNIVERSITES

Sciences Po : un don de 25 millions d’euros pour lutter contre les fake news

Milliardaire américain, Frank McCourt est surtout connu aujourd’hui en France pour avoir racheté l’Olympique de Marseille en 2016. C’est dans une équipe bien différente qu’il investit aujourd’hui 25 millions de dollars sur 10 ans : celle de Sciences Po. Au travers de son McCourt Institute il va soutenir la recherche de l’école dans le « décryptage et la clarification des grands enjeux de bien commun qui se jouent autour des nouvelles technologies ». Ce qu’il appelle le « Tech for the common good ». « Il est temps de revoir en profondeur notre usage des technologies. Un nouveau modèle doit être défini pour qu’elles ne soient pas seulement au service d’une minorité », définit Frank McCourt. « Nous devons notamment gérer beaucoup de désinformation et nous devons permettre à nos étudiants de contribuer à la recherche. Comprendre comment les technologies impactent le bien commun est essentiel », analyse le président de l’université de Georgetown, John J. DeGioia, partenaire de l’opération.

Frank McCourt à Sciences Po avec Bénédicte Durand, directrice par intérim.

Le Media Lab de Sciences po. Huit professeurs ont rejoint ces cinq dernières années le corps professoral de Sciences Po pour travailler plus particulièrement sur les transitons numériques et un laboratoire dédié y a même été créé : le Media Lab. « Grâce à l’Institut McCourt nous pourrons monter en ambitions avec également Georgetown, université de sciences sociales située comme nous dans une ville capitale », insiste Cornelia Woll quand le directeur du Media Lab, Dominique Cardon, s’interroge : « Beaucoup se demandent si, après avoir ouvert tant d’espoirs, le numérique n’est pas devenu un cauchemar ».

Justement Sciences Po va mener à la rentrée une opération va être menée à la rentrée avec le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information, le Clemi pour comprendre comment la désinformation se répand, comment de nouveaux mouvements sociaux se répandent après être nés sur le web, etc. « Il y a une urgence de formation et un enjeu de co-construction avec nos étudiant, très en avance pour le maniement des outils technologiques, des objets de connaissance pour une prise de parole forte », conclut Bénédicte Durand, la directrice par intérim de Sciences Po.

Frank McCourt : du sport aux politiques publiques. C’est en 2013 que la Public Policy School portée par Frank McCourt a été créée au sein de l’université de Georgetown, à Washington. « L’idée vient de loin. De mon éducation dans une famille catholique de Boston dans laquelle on parlait de tout. Les meilleures idées provenaient de partout avec beaucoup de positions différentes et jamais mon père n’interdisait une discussion. D’où l’idée d’apporter ce nouveau département à Georgetown », se souvient-il. A l’époque l’Etat américain était ce qu’on appelle en « shutdown », les administrations étaient fermées faute d’accord sur le financement au Congrès. « Cela nous paraissait grave mais c’était bénin puisque depuis nous avons connu l’insurrection ay Capitole. J’ai le privilège d’avoir la possibilité de faire quel chose et je le fais. Parce que nous avons besoin d’avoir plus de personnes autour de la table. Le « muscle of listening » doit être développé ! »

Le modèle choisi pour développer la recherche est celui du Broad Institute de MIT et Harvard : à la fois universitaire et réactif. « Les technologies sont un tsunami. Nos instituts doivent permettre d’avancer avec les informations nécessaires pour aller plus loin que la seule utilisation des technologies pour les technologies », conclut le milliardaire qui travaille également à la définition d’un « Project Liberty » pour créer des solutions technologiques à même de contribuer au développement d’un nouveau protocole informatique open source. En tout il investit aujourd’hui 100 millions de dollars dans toutes ces actions.

  • Le don, validé par le Comité des dons de Sciences Po, fera l’objet d’une convention signée entre la FNSP, la fondation Institut McCourt et laSciences Po American Foundation, qui « garantit la totale indépendance des travaux de recherche des chercheurs et chercheuses vis-à-vis des différents projets menés par le donateur, y compris dans le choix des protocoles de recherche et de publication des résultats ».

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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