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Le campus intelligent vu par les étudiants

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Au centre du campus, on trouve les étudiants. Ils représentent la population la plus nombreuse de l’établissement, c’est pourquoi il est important de faire part de leur vision et de leurs attentes vis-à-vis de leur campus. L’attractivité des établissements de l’enseignement supérieur repose sur de nombreux paramètres, chacun constituant un enjeu majeur de cette attractivité.Divers points seront donc ici traités, de la student experience, en passant par la qualité des services et équipements, jusqu’au développement durable, afin d’offrir un regard panoramique des souhaits des étudiants.

Ce regard sera en partie retranscrit au travers des yeux de Théo Miloche, étudiant à Sciences Po Paris et HEC et membre du « Manifeste étudiant pour un réveil écologique » (30 000 signatures). Afin d’obtenir la vision la plus complète possible sur le sujet, nous avons également croisé de nombreux articles et études réalisées auprès d’étudiants ces dernières années (Sodexo – Imaginer demain – Le Figaro -Université de Bordeaux – Campus d’avenir).

1. Le campus intelligent vu par les étudiants

 Théo Miloche : « C’est un campus qui a réussi, au travers de son administration et de ses services à s’approprier les avancées technologiques et à interagir avec les étudiants via les supports que ces derniers favorisent : à savoir principalement leur téléphone portable, les réseaux sociaux ainsi que des plateformes en ligne pour les services administratifs : il s’agit du premier pas.

Mais il est aussi possible d’entendre par campus intelligent, un campus réduisant son impact environnemental grâce aux apports des technologies : régulation des réseaux de chaleur, des réseaux électriques … »

On peut comprendre de cet échange que l’attrait des étudiants pour un établissement, ne relève plus seulement des contenus pédagogiques proposés, mais bien de la qualité de la « student experience » mise en place. Ce point de vue peut d’ailleurs être complété par une étude menée par l’Université de Bordeaux auprès de ses étudiants. Pour ces derniers, la notion de campus évoque majoritairement un lieu d’étude, un lieu de vie ainsi qu’un lieu de socialisation et de rencontres.

2. La student experience vue par les étudiants

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Il est important pour les établissements d’observer et d’analyser les habitudes mais aussi les désirs de leurs étudiants. D’après les résultats des études répertoriées, il est essentiel pour les établissements de favoriser l’accès aux espaces de vie : on parle ici des espaces de travail (bibliothèque, salles de classe), de restauration (cafétéria, restaurant), de repos et d’échange. Plus concrètement, cela concerne les horaires d’ouverture de ces lieux quand les ressources pédagogiques ne sont pas numérisées mais également la possibilité de réserver, par exemple, un espace de travail doté des infrastructures et équipements numériques nécessaires pour collaborer plus facilement en interne ou en externe. Autre point qui ressort de ces études, le besoin de bénéficier d’informations en temps réel concernant son orientation sur le campus. Informations à retrouver sur les supports technologiques utilisés par les étudiants, comme le précisait précédemment Théo Miloche.

3. Les services et équipements vus par les étudiants

Faisons à présent le point sur les services et équipements souhaités par les étudiants au sein du campus. Pour cela notre recherche s’est appuyée sur une étude menée en 2017 par Sodexo.

Elle relève le fait que les services et équipements proposés par l’établissement à ses étudiants font office d’enjeux centraux quant à l’attractivité de ce dernier.

Afin d’appréhender de la meilleure manière possible les attentes des étudiants, attelons-nous d’abord à dresser un état des lieux de la situation. On observe qu’une partie significative des étudiants français (48 %) juge la France « plutôt en retard » par rapport à d’autres pays en termes d’équipements et de services mis à leur disposition dans les établissements. Cette étude met aussi en évidence l’écart qu’il existe entre la satisfaction des étudiants vis-à-vis des services du campus (64% satisfaits en moyenne) et leur satisfaction quant à l’offre académique (81% satisfaits en moyenne). Faciliter les échanges entre étudiants apparait également comme un point central quant à l’attractivité du campus et de l’établissement. En effet, pour 75% d’entre eux, il est prioritaire de disposer d’un service les mettant en relation. Pour en finir avec les chiffres, 61% des étudiants jugent essentiel de mettre en place des groupes de travail avec les entreprises, afin de faire grandir leur confiance vis-à-vis de leur insertion professionnelle. Dans cette lignée, on peut aussi imaginer développer des plateformes en ligne en relation directe avec les entreprises pour les stages et les emplois, des incubateurs au sein même du campus ou encore des événements organisés en collaboration avec des entreprises.

Si tous ces points sont à traiter, bien d’autres semblent tout aussi importants de ne pas négliger. On peut penser par exemple à faciliter l’hébergement à travers une plateforme d’informations sur les logements disponibles et à des résidences dotées d’internet et d’accès wi-fi de qualité. Sujet ô combien important pour les étudiants, quand on connait la difficulté pour se loger dans certaines villes françaises. Autre aspect que l’on peut envisager de mettre en place, le service de conciergerie, pouvant avoir comme utilité la gestion du courrier via des boîtes à colis électroniques ou encore proposer un service de laverie.

4. L’accessibilité vue par les étudiants

 Entre 2005 et 2017, le nombre d’étudiants en situation de handicap a été multiplié par 3,5. C’est aujourd’hui entre 1 et 2 % de la population étudiante qui est porteuse d’un handicap, qu’en est-il de la question de l’accessibilité du campus pour ces derniers ?

Dans un souci d’équité et afin d’attirer ces étudiants, de nombreuses solutions doivent être mises en place au sein même de leur campus par les établissements d’enseignement supérieur. En voici quelques exemples.

Il existe diverses formes de handicap, c’est pourquoi il est important de mener une réflexion globale. L’établissement peut imaginer proposer aux personnes éprouvant des difficultés à se déplacer, des solutions leur facilitant leur quotidien, comme une application leur présentant le trajet le plus adapté en fonction de leur handicap et des maintenances éventuelles de certains équipements (ascenseurs..), afin de se déplacer d’un point A à un point B.

Certains étudiants pouvant être également porteurs d’un handicap auditif, les établissements se doivent de porter leur réflexion sur l’accessibilité à leur contenu pédagogique. La présence de boucles magnétiques au sein du campus apparait comme un élément d’attractivité pour les étudiants sourds ou malentendants.

5. Le green vu par les étudiants

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 Concernant l’enjeu écologique des campus, Théo Miloche, étudiant et membre du « Manifeste étudiant pour un réveil écologique », le plaçant au cœur de cette problématique s’exprime.

Quels sont pour vous les grands thèmes à aborder au cours d’un projet de construction ou de rénovation d’un campus intelligent ?

 Théo Miloche : « Quand les établissements pensent à la construction ou la rénovation de leur campus, un des premiers aspects qu’ils prennent en compte, est la qualité du cadre de vie qu’ils offrent aux occupants du campus (étudiants, professeurs, administration…). Cependant, la dimension écologique, par les règles et les bonnes pratiques mises en place, prend de plus en plus de place au cours de cette réflexion et en devient même un sujet central pour deux raisons : à savoir l’impact de la structure elle-même et les bonnes pratiques que l’établissement met en place à destination de ses étudiants. C’est encore plus important, parce que l’effet en est démultiplié ».

Qu’est-ce qui, selon vous, pourrait être amélioré dans la gestion d’un campus  ? 

T.M : « Ce qui m’irrite, dans les établissements par lesquels je suis passé, c’est la gestion de l’énergie (réseaux de chaleurs et électriques. Trop souvent on voit les lumières des bâtiments allumées la nuit, trop souvent on voit un chauffage excessif et non adapté à la température extérieure. C’est ici qu’on peut imaginer des technologies répondre à ces problématiques, un pilotage manuel étant imparfait.

Le message de l’établissement en terme d’écologie n’est pas toujours en phase avec ses actes. La bonne gestion des réseaux de chauffage et d’électricité est un marqueur très visible pour les personnes faisant attention à ces problématiques, donnant donc une image négative à l’intérêt environnemental de l’établissement.

Le tri des déchets sur les campus est vraiment trop peu développé, ça commence timidement à s’implanter. A Sciences Po par exemple, le tri à grande échelle n’a été lancé que cette année. Une prise en compte concrète des remarques des étudiants, leur mise en œuvre et un retour d’informations sur les résultats obtenus, voilà ce qui peut être amélioré. »

La prise en compte de ces enjeux écologiques par un établissement, joue-t-elle un rôle dans son attractivité pour les étudiants ?

T.M : « Je pense qu’il ne faut pas se voiler la face. Du fait du manque de visibilité et d’informations sur le sujet avant d’intégrer un établissement et même si certains classements et organismes commencent à recenser ces enjeux, l’écologie ne joue pas à ce jour un rôle majeur quant à l’attractivité d’un établissement. J’ai rarement entendu un étudiant dire qu’il n’irait pas dans tel établissement, du fait de la faiblesse de sa politique environnementale.

Ce que l’école va mettre en place concernant son impact propre, va juste rentrer en conformité avec ce qu’elle prône via ses cours, ses maquettes pédagogiques. Cet impact propre à l’établissement ne reste toutefois pas un critère discriminant auprès des étudiants, car ce n’est pas quelque chose de suffisamment visible aujourd’hui.

A l’inverse, cette attractivité va se déplacer dans la prise en compte de ces enjeux de transition écologique dans les formations, là ça peut avoir un vrai impact ».

Vous trouvez donc que l’on manque d’informations sur ce sujet dans l’enseignement supérieur ?

T.M : « Il n’y en a pas en fait ! L’information n’est pas disponible, on manque de classements sur le sujet ».

Le point de départ de cette prise de conscience écologique est-il l’éducation ?

T.M : « Oui je pense que c’est certain, sans l’éducation nous n’avons pas les bons réflexes, il y a forcément une socialisation primaire autour de ces enjeux écologiques qui doit être faite dès le plus jeune âge et qui doit se poursuivre tout au long de la scolarité pour arriver dans l’enseignement supérieur à maitriser de vraies compétences sur ces sujets.

C’est vraiment le message du manifeste : dans l’enseignement supérieur, on souhaite développer de réelles compétences, connaissances, valorisables dans le monde professionnel et donc qui soient enseignées aux étudiants afin de mener cette transition écologique. Ce n’est pas une chose facile, il faut être formé à ces enjeux ».

Préféreriez-vous retrouver dans votre formation, une matière sur le thème de la transition écologique ou bien que chaque matière aborde ces enjeux  en son sein?

T.M : « Nous avons étudié ces deux volets au sein du manifeste, que ce soit les formations définies ou la prise en compte dans chaque matière, ce sont deux stades d’une évolution que nous avons visualisée. Voir un de ces stades dans les formations dispensées par les établissements serait déjà une réussite.

Pour faire un parallèle, une étude du Shift Project sortie récemment, dresse un panorama des formations climat – énergie dans les établissements d’enseignement supérieur français. Voici son constat : l’offre est largement insuffisante, avec seulement 11 % des formations qui abordent actuellement les enjeux climat-énergie de manière obligatoire. C’est très peu ! »

D’après vous, est ce que ces chiffres sont voués à rapidement évoluer de manière positive ?

T.M : « Je pense que de plus en plus d’établissements mènent une réflexion sur le sujet, c’est la première étape vers une réelle prise en compte de ces enjeux dans les enseignements.

On a des exemples d’établissement qui font ce switch, comme l’université de La Rochelle par exemple, c’est le modèle gold. Ils ont entrepris une refonte totale de tous leurs enseignements afin de mieux prendre en compte ces enjeux environnementaux et sociaux. C’est le changement qu’on aimerait voir s’opérer dans tous les établissements. Nous avons besoin de ces pionniers pour inspirer les autres ».

Les établissements de l’enseignement supérieur font aujourd’hui face à une concurrence féroce, chacun souhaitant atteindre le haut des classements dans lesquels ils sont répertoriés.

De leur côté, les étudiants portent une attention particulière à ces mêmes classements.

Ces derniers évoluent, comme le prouve le nouveau classement du Times Higher Education : « University Impact Rankings ». En plus des critères académiques ou de réussite sociale, ce classement inclut dans sa notation le respect par les établissements d’enseignement supérieur de 11 des Sustainable Development Goals définis par l’ONU. On parle ici de santé, de qualité de l’éducation, d’impact sur le climat, d’égalité des chances : autant de critères voués à redistribuer les cartes.

Les étudiants français semblent sensibles à ces enjeux, les établissements ont donc tout intérêt à les considérer au cours de leur réflexion sur le campus intelligent.

Si vous souhaitez aller plus loin dans cette réflexion, n’hésitez pas à contacter les équipes d’HEADway et d’Econocom : contact.chroniquetech@econocom.com

Pierre-Emmanuel Paisant, étudiant en alternance

 

Si vous souhaitez connaître l’avis de vos étudiants sur les services de votre institution et explorer les solutions numériques de demain, participer à l’étude d’HEADway Insights « L’expérience étudiante numérique, au-delà de la pédogogie ».

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