POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITES

Les grandes universités de recherche s’interrogent sur leur financement par l’Etat

Quatre des dix présidents d’université d’Udice réunis pour leur conférence de presse de rentrée : Jeanick Brisswalter (Côte d’Azur), Michel Deneken (Strasbourg), Nathalie Drach-Temam (Sorbonne Université) et Dean Lewis (Bordeaux).

« Udice s’installe progressivement dans le paysage français et international au service de l’ensemble de l’enseignement supérieur français même si nous sommes marqués par notre ADN d’universités de recherche intensives », définit le président d’Udice et de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, qui insiste sur la volonté des dix universités membres d’Udice (Paris-Saclay, PSL, Lyon 1, Aix-Marseille, etc.) de « s’inscrire dans un standard international » : « Nous avons un enseignement supérieur de très haut niveau mais toujours financé trop faiblement pour atteindre les 3% du PIB même si nous avons salué la LPR ».

Quelles relations entre les universités et les organismes de recherche ? Udice est bien évidemment concernée au premier chef par la nouvelle donne des relations entre les universités et les organismes de recherche qui doit voir le jour dans les années à venir suite au rapport Gillet. « L’idée fondamentale est de simplifier le paysage français de l’enseignement supérieur et la recherche. Il faut maintenant préciser la notion de chef de file. De même l’articulation entre les nouvelles agences nationales de programme et les universités chefs de file est à définir », demande Michel Deneken.

« Etre université chef de file c’est élaborer la politique de recherche et d’enseignement d’un site avec les organismes de recherche comme ne le faisons déjà dans les universités Idex », commente Nathalie Drach-Temam, la présidente de Sorbonne Université, qui note qu’en « termes de publications de recherche la France a perdu trois places en dix ans pour se classer aujourd’hui 9ème. Nous sommes à 2,2% du PIB et il manque vingt milliards pour atteindre les 3% du PIB ».

Une notion de « chef de file » qui doit également prendre en compte l’expérience étudiante avec beaucoup de sujets à traiter autour de la santé ou de l’insertion professionnelle qui relèvent aujourd’hui de plusieurs organismes et ministères. « Tous les présidents d’université sont mobilisés autour du sujet de la condition étudiante et de la précarité étudiante », explique Dean Lewis en échos à la tribune de plusieurs présidents d’université dans Le Monde qu’a notamment signée Nathalie Drach-Temam.

Des finances en berne. « La question de la pérennité du financement par l’Etat des universités face à la montée d’un enseignement supérieur privé cher et de faible qualité nous interpelle. Alors que nous serons toutes bientôt en déficit on nous parle d’un milliard d’euros de réserve mais ce n’est pas grand-chose pour 70 universités quand on sait par exemple que le patrimoine immobilier est dans un état extrêmement préoccupant », établit Michel Deneken tout en évitant de stigmatiser une Sylvie Retailleau qui « représente aujourd’hui d’abord son gouvernement et n’est plus une collègue ».

« Il y a bien trente ans qu’on ne nous avait pas traité d’usine à chômeurs comme on l’a fait au plus haut niveau de l’Etat récemment. On en est à se demander si la France aime vraiment ses universités » s’étonne le président de PSL, Alain Fuchs, sans citer Emmanuel Macron.

Une question qui se pose d’autant plus que les financements des universités sont de moins en moins pérennes. « Si nous n’avions pas l’Idex nous ne serions pas au niveau. Faire tourner la maison avec des appels à projet, 45 millions cette année, c’est extra budgétaire et nous allons quand même annoncer 12 à 15 millions de déficit. Le problème est de savoir ce qui est récurrent avec la subvention pour services publics », stigmatise Michel Deneken, qui remarque : « L’Etat aurait mauvais jeu de nous reprocher un déficit alors que nous devons subir l’augmentation des prix de l’énergie, une inflation générale et les mesures de revalorisation des salaires de Stanislas Guerini (400 millions d’euros en année pleine pour 200 millions obtenus par les universités) ».

Dans ce cadre à quoi vont pouvoir servir les nouveaux COMP qu’ont commencé à signer les universités ? « Pour moi l’idée des COMP est excellente et nous devons les faire réussir en identifiant bien notre ADN et nos projets. Nous voulons que l’Etat reconnaisse que sur tel ou tel sujet nous avons une spécificité à développer », requiert Michel Deneken.

  • Les présidents des universités membres d’Udice insistent également sur la nécessité de recruter des jeunes personnels alors que beaucoup de cadres s’apprêtent à partir à la retraite – la moitié des enseignants-chercheurs d’ici 2030 – et que la majorité des docteurs formés en France ne sont pas français. Pour se faire les dispositifs comme les chaires juniors pourraient être plus développés.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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