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« Nous souhaitons positionner TSM comme une institution internationale »

Devenu Toulouse School of Management (TSM) il y a trois ans, l’IAE de Toulouse poursuit sa stratégie pour devenir une institution clairement internationale. Hervé Penan, son directeur, nous explique également sa stratégie numérique.

  • Photo Ivan_Autet

Olivier Rollot : Il y a aujourd’hui trois ans que vous avez rebaptisé l’IAE Toulouse en Toulouse School of Management (TSM). Comment avez-vous effectué cette transformation ? Et quels sont ses résultats ?

Hervé Penan : Ce changement est l’aboutissement d’une évolution progressive de notre institution. Au début des années 2000, nous avons été pionniers dans la transformation de notre offre de formation en masters en quatre semestres intégrés. Notre laboratoire de recherche en gestion fait aujourd’hui partie des trois laboratoires accrédités par le CNRS avec ceux de Paris-Dauphine et d’HEC. Notre école doctorale est l’une des plus importantes de la discipline en France, elle accueille 65 doctorants, tous financés. Nous avons souhaité à partir de 2010 devenir une institution de formation et de recherche en management plus internationale.

Nous avons entrepris d’internationaliser le corps enseignant. Aujourd’hui, nous comptons 37% de professeurs étrangers qui nous rejoignent pour notre potentiel de recherche. Si on y ajoute les professeurs français ayant été en poste dans des établissements internationaux avant de nous rejoindre, nous pouvons considérer que presque la moitié de notre corps enseignant peut faire état d’une réelle expérience internationale.  Nous avons développé une offre de formation en langue anglaise dans l’ensemble de nos départements nous permettant d’attirer toujours plus d’étudiants internationaux. A titre d’exemples, 85% de nos doctorants sont de nationalité étrangère. Notre master de Management international rassemble plus de vingt nationalités différentes. Notre master Finance accueille plus de la moitié d’étudiants internationaux. Il nous revenait donc de traduire cette réalité dans notre marque. A l’international, l’acronyme IAE ne signifie pas grand-chose et il était plus clair de devenir Toulouse School of Management. Cette nouvelle marque a deux avantages évidents : mettre en avant le nom de notre ville et mettre en avant la notion de management, et non de business, indiquant par là-même la spécificité de notre approche, celle des méthodes de management et d’accompagnement du changement.

O. R : Pourquoi faut-il absolument recevoir plus d’étudiants internationaux pour un établissement de premier plan ?

H. P : TSM accueille 3000 étudiants essentiellement au niveau Master. Nous souhaitons nous positionner comme une institution internationale, et surtout européenne, d’enseignement supérieur au management et donc en capacité d’attirer les meilleurs étudiants européens pour faire leur parcours de formation à Toulouse. A ce jour, nous recevons 17% d’étudiants internationaux. Nous incitons nos étudiants français à faire une mobilité internationale pendant leur parcours de formation. L’internationalisation de nos étudiants est un véritable défi. Nous y accordons beaucoup d’investissement. Nous avons pour objectif d’atteindre 25% d’étudiants internationaux à un horizon de 3 ans.

O. R : A Toulouse, l’univers de la gestion et de l’économie est bien rempli. Aux côtés de TSM on trouve la Toulouse School of Economics (TSE) et Toulouse Business School (TBS). Comment TSM, TSE et TBS cohabitent-elles ?

H. P : TSM et TSE sont toutes deux des composantes de l’université Toulouse Capitole. Elles ont une structure semblable et une gouvernance croisée. Economistes et gestionnaires collaborent facilement sur des projets scientifiques et pédagogiques. Nos objectifs et modes de fonctionnement sont très proches.

TBS est un établissement consulaire avec lequel nous sommes dans une démarche de coopétition. Nous sommes en compétition quand il s’agit d’attirer les meilleurs étudiants par exemple sur la plateforme Parcoursup. L’année dernière, notre licence de gestion a été classée la plus sélective en France devant Paris Dauphine. Nous sommes partenaires en matière de formation doctorale. Les étudiants de TBS sont accueillis en doctorat au sein de notre école doctorale TSM Doctoral Programme et les collègues de TBS participent également aux enseignements de notre école doctorale.

O. R : Comme l’ensemble de l’enseignement supérieur vous avez dû passer à l’enseignement à distance en mars dernier. Quel bilan en tirez-vous ?

H. P : Il faut bien avoir conscience qu’en trois jours nous sommes passés du présentiel à un distanciel que je qualifierais de « low tech ». Avec les supports Google for Education, que nous utilisions déjà, nous sommes parvenus à dispenser les quelques semaines de cours pour terminer dans les meilleures conditions l’année universitaire.

Nous avons été surtout intransigeants sur le passage des examens. Nous avons fait le choix responsable d’évaluer l’ensemble de nos enseignements dans l’ensemble de nos diplômes en formation initiale, continue et en alternance : ce sont presque deux cents épreuves qui ont été organisées avec succès. Les résultats constatés sont conformes à ceux relevés en année régulière (même taux de réussite aux épreuves).

O. R : Comment se prépare la rentrée 2020 ? Toujours à distance ? Le digital va-t-il prendre de plus en plus d’importance ?

H. P : Les équipes pédagogiques ont procédé à la sélection à distance des candidats dans les différents diplômes, nous avons publié les résultats dans le respect des calendriers communiqués. Nous ferons donc la rentrée aux dates habituelles. Seuls les étudiants de première année – et leurs parents, nous y tenons – aurons un accueil en présentiel sur le campus. Ensuite nous mêlerons enseignement à distance et présentiel. Les étudiants internationaux qui ne pourraient finalement pas nous rejoindre suivront tous leurs cours à distance.

Ces derniers mois nous ont conduit à accélérer notre transition digitale, notre cellule innovation pédagogique a été renforcée. Les projets de transformation digitale des enseignements ont été finalisés par des échanges intenses entre les ingénieurs pédagogiques, les techniciens multimédia et les professeurs des différentes disciplines. Nous avons donné la priorité aux enseignements asynchrones et aux doubles diplômes internationaux.

O. R : Quel pourcentage de cours voulez-vous digitaliser dans les années à venir ?

H. P : 25% des enseignements sont prêts pour être délivrés à distance à la rentrée, notre objectif à terme s’établit à 35%.

O. R : Vous comprenez les réticences de beaucoup de professeurs à passer à un enseignement à distance ?

H. P : Il est vrai que l’enseignement à distance modifie la relation pédagogique. Quand on prépare un cours à distance, on doit forcément le normer. On ne peut pas le modifier en fonction d’une actualité, on ne peut pas faire de digressions, on ne peut pas vraiment donc personnaliser son cours en continu. Cette évolution contribue à transformer l’enseignement supérieur à une industrie, et d’une certaine manière peut altérer la liberté de l’enseignement. Mais l’enseignement à distance a également tant d’atouts, richesse et variété des supports, nouvelles formes d’apprentissage, qu’il est aujourd’hui impossible de ne pas y recourir.

  • Fondée en 1955 et membre du réseau national « IAE France », l’IAE Toulouse a changé de nom en 2017 pour devenir la Toulouse School of Management (TSM). Elle forme chaque année 3000 étudiants (dont 900 alternants)  au niveau Licence, Master et Doctorat, dispensés en alternance, en formation initiale et continue. TSM compte 60 enseignants-chercheurs, 350 intervenants professionnels et 21 000 diplômés.
  • Hervé Penan a été réélu directeur de Toulouse School of Management (TSM) pour 5 ans le 2 juillet 2020. Un quatrième mandat rare dans l’enseignement supérieur public puisque Hervé Penan avait déjà pris la direction de l’IAE de Toulouse de 2000 à 2010 ; période à laquelle il assure aussi la présidence du réseau des IAE. Changement de cap radical entre 2010 et 2015 pour ce spécialiste de l’innovation et de la gouvernance qui rejoint la direction du groupe pharmaceutique français Pierre Fabre. Et retour au bercail en 2015 pour un troisième mandat pendant lequel il transforme en 2017 l’IAE Toulouse en Toulouse School of Management.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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