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Les universités britanniques tétanisées à l’approche du Brexit

Les « vice chancellors » (directeur généraux) des universités britanniques demande qu’un nouveau référendum sur le Brexit soir organisé rapporte The Guardian toujours dans lequel le vice-chancelier de l’université de Warwick, Stuart Croft assure : « Les universités britanniques vont être confrontées à « un moment de grand traumatisme » au cours des prochaines semaines, à moins que le gouvernement n’annonce clairement ses projets post-Brexit pour les résidents de l’UE au Royaume-Uni ». Des inquiétudes sur les personnels qui rejaillissent sur les étudiants étrangers susceptibles de venir au Royaume-Uni.

 

Que vont devenir les personnels européens ?

En cause la non conclusion la d’un pré-accord de départ de l’Union européenne qui pousse de nombreuses institutions, professeurs, employés européens liés aux universités britanniques à envisager un départ rapide du Royaume-Uni. Sur un effectif total de 6 500 personnes, l’université de Warwick emploie par exemple environ 800 personnes venues de toute l’Union européenne.

L’avertissement de Stuart Croft survient alors que les universités du Royaume-Uni préparent à contrecœur des plans pour faire face à la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Le Russell Group, qui regroupe les plus prestigieuses universités britanniques telles Oxford ou Cambridge, classe la question des ressortissants de l’UE comme priorité numéro un pour un accord post-Brexit, affirmant que les 25 000 employés européens de ses universités sont « indispensables à la bonne marche d’institutions de classe mondiale ».

Les étudiants étrangers vont-ils fuir le Royaume-Uni ?  

Une étude du cabinet CarringtonCrisp en collaboration avec l’EFMD parue fin octobre révèle ainsi que, si le Royaume-Uni reste la deuxième destination la plus demandée par les étudiants en commerce – après les Etats-Unis, ce sont 40% des étudiants qui hésitent à s’y rendre depuis le vote du Brexit.

Une analyse que réfute Thomas Roulet qui dirige le master in International Management du King’s College depuis 2015 : « Nous recrutons de plus en plus d’étudiants étrangers mais cela n’a rien de spécifique à notre université. Après des années de hausse continue la baisse du nombre d’étudiants étrangers venus d’Europe n’est que de 5% cette année alors qu’ils sont 2% de plus à venir du reste du monde. Bien loin des chiffres de baisse qu’on peut lire dans les journaux français ». Toujours plus internationale, la business school de Thomas Roulet reçoit chaque année 80% d’étudiants étrangers. « Les opportunités de rester travailler au Royaume-Uni vont sans doute également se restreindre pour nos diplômés mais la plupart ne restaient de toute façon pas ici », conclut-il.

Que doivent faire les institutions européennes implantées outre-Manche ?

Mais il n’y a pas que les universités britanniques qui se posent des questions. C’est également le cas des établissements d’enseignement supérieur européens implantés au Royaume-Unis. Témoin Grenoble EM dont le directeur délégué, Jean-François Fiorina explique : « Nous nous sommes installés en janvier 2017 à Berlin où nous avons transféré une partie des activités que nous avions développé à Londres. C’est une décision que nous avions prise dès avant le Brexit en constatant que les autorités britanniques délivraient de moins en moins facilement de visas aux étudiants internationaux ». Grenoble EM n’en reste pas moins également à Londres, d’autant que la baisse de la livre sterling fait mécaniquement baisser ses coûts.

Même réflexion du côté de l’EM Normandie, implantés à Oxford et qui vient d’y agrandir la surface qu’elle y occupe, et de son directeur général, Jean-Guy Bernard : « Nous sommes bien à Oxford et nous aimerions nous y développer plus. Dans l’avenir nous voulons continuer à travailler dans notre axe Seine / Mer du Nord en nous implantant peut-être à Dublin. En effet avec le Brexit, et surtout avec la difficulté d’y obtenir des visas pour les étudiants africains ou asiatiques, il est de plus en plus difficile de travailler au Royaume-Uni. Au contraire les Irlandais vont jouer à fond la carte de l’Europe ».

Les universités britanniques vont-elles franchir le Channel ?

L’information a conforté dans leur analyse tous ceux qui voient les universités britanniques s’implanter massivement en Europe pour contrecarrer les effets du Brexit : le King’s College de Londres va ouvrir un campus en Allemagne en partenariat avec la Technische Universität de Dresde. Egalement spécialiste de géopolitique, Jean-François Fiorina prend la menace au sérieux : « La question que risquent de se poser des universités britanniques, qui vont avoir de plus en plus de mal à attirer des étudiants sur leur sol, c’est de s’implanter ou pas en Europe où elles seront des concurrentes redoutables ».

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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