POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITES

Vivre à l’heure des Comue

Occasion historique d’enfin réunir toutes les forces de l’enseignement supérieur français sous une même barrière pour les uns, tentative hégémoniste de l’université de mettre la main sur les grandes écoles pour les autres, monstre bureaucratique inutile pour beaucoup d’autres, les Comue n’ont pas fini de faire parler d’elles…

Un nouveau système universitaire…

Dans une tribune publiée dans Libération, Jean-Yves Mérindol, président de la Comue Sorbonne Paris-Cités et grand penseur du nouveau système, explique que l’activité d’une Comue, « complémentaire de celle des établissements », vise à « les renforcer et à faciliter leur convergence » avec des « actions prioritaires » qui portent sur la pluridisciplinarité, l’internationalisation des cursus ou encore les nouvelles formes pédagogiques. Selon lui se construit, ainsi, peu à peu un « nouveau système universitaire, visant à surmonter des faiblesses provenant de la singulière histoire de nos institutions universitaires, s’appuyant sur des regroupements puissants d’établissements, mieux armés pour répondre aux attentes des étudiants et de la société et pour soutenir des recherches audacieuses ».

Des grandes écoles souvent inquiètes

On l’a compris, l’essentiel pour les Comue est de présenter un front uni. Mais voilà, il semble singulièrement dégarni du côté des grandes écoles comme l’expliquait Philippe Jamet, le président de la CGE, sur EducPros après son dernier congrès : « Les écoles en grande majorité ont clairement réaffirmé [pendant le congrès] leurs inquiétudes sur ce qui est mis en place. Elles n’ont pas l’impression d’avoir la place qu’elles méritent. (…)  Beaucoup d’établissements sont marginalisés, notamment ceux de statut privé, consulaire, associatif ou même public mais rattachés à d’autres ministères que celui de l’Enseignement supérieur ».

On peut s’entendre ! Mais il n’y a pas que des exemples négatifs. Sans toujours citer Paris Saclay, la Comue Université Paris-Seine, qui compte notamment en son sein l’université de Cergy-Pontoise et l’Essec mais aussi des écoles d’ingénieurs et l’Isipca, se développe aujourd’hui sans accrocs quand tant d’autres – l’exemple le plus récent étant Hesam – passent pas des crises successives. « Tout le monde se connaît et nous travaillons en bonne intelligence, les écoles ne se sentent pas écrasées », confie Anne-Sophie Barthez, sa présidente, fière de présider aux destinées d’une Comue à taille humaine avec ses 28 000 étudiants. Et pourtant tout n’y est pas si simple : certaines écoles sans sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, d’autres de la Culture ou de l’Agriculture, l’Essec ou l’Isipca dépendent de la CCI Paris Ile-de-France et il y a même une école d’ingénieurs privée, l’Eisti. « Nous voulons fédérer tous ces profils dans le cadre d’un projet phare qui sera notre futur campus international à Neuville, près de Cergy-Pontoise, où sont déjà situés les sciences de l’université. »

À quoi servent les Comue ?

« Au sein de la Comue les enseignants, les personnels se rencontrent enfin. C’est simple et fondamental à la fois pour faire tomber des a priori et monter des projets dans un cadre qui n’est pas pré-fusionnel », explique encore Anne-Sophie Barthez. Comme la plupart des Comue, Université Paris-Seine va assurer la dévolution du doctorat mais aussi développer une communication à l’international et développer des MOOC. « Contrairement à Paris Saclay, notre Comue ne délivrera pas les masters mais pourra délivre des diplômes toutes les fois qu’on voudra former de manière pluridisciplinaire. » De son côté, Sorbonne Paris-Cités finance les contrats doctoraux, mais aussi des bourses pour des étudiants de master, des programmes de recherche pluridisciplinaires, la mise au point de Moocs et la formation aux pédagogies innovantes.

La « carotte » des Idex

Si les Comue se développent c’est aussi pour répondre aux appels d’offre des nouvelles initiatives d’excellence et de leur « manne » financière. « Dans notre cas ce sera pour un Isite (Initiative sciences innovation territoire économie) », explique Anne-Sophie Barthez, qui voit là « une excellente occasion de faire émerger au un projet commun ». Mais combien seront finalement déçus ?

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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